Archi Paris, grève, autogestion

Purge syndicale à l’École Spéciale d’Architecture de Paris. Les étudiants et les personnels de l’École spéciale d’architecture (ESA) sont en grève depuis une semaine contre le projet de licenciement de 9 personnes, principalement militants de la CNT et de la CGT, et réclament la démission de la direction. Contre la répression syndicale et les groupuscules d’extrême droite radicale qui jouent les milices, rassemblement de soutien mardi 21 avril de 10h à 19h devant l’école !… Dans Le Monde Campus : Démission direction ! : l’école spéciale d’architecture de Paris est en grève.

Question iconoclaste : et si, une fois obtenue la démission du directeur de cette école de l’enseignement supérieur privé, les personnels et les étudiants prenaient en main leur destin en créant une coopérative d’enseignement supérieur autogérée ?

Campus le Monde y fait allusion. Dans le jardin de l’ESA, les cours se sont arrêtés pour la pause de midi. Des étudiants en profitent pour scier des planches de bois et déployer des bâches en plastique. « La grève risque de durer encore longtemps, nous avons donc dessiné les plans d’un préau que nous sommes en train de construire pour nous abriter de la pluie », s’exclame un représentant étudiant. Bâtir sa propre école, c’est peut-être la plus belle réponse que des apprentis architectes peuvent faire, face à la surdité de leur direction.

La section syndicale CNT de l’ESA est favorable à l’autogestion. Notre objectif est le libre épanouissement de l’étudiant et c’est à ce titre qu’elle a proposé un plaidoyer en faveur d’une école spéciale d’architecture autogérée impliquant un partage égalitaire du pouvoir décisionnel et organisationnel entre tous ses membres. L’autogestion à l’ESA supposerait ainsi la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés et l’affirmation de l’aptitude de ses membres à s’organiser collectivement sans l’intermédiaire d’une hiérarchie permettant ainsi la réintégration de l’initiative et de la créativité dans l’école.

Dans le contexte de regroupements à marche forcée, enfantant des mammouths bureaucratiques coûteux et inefficaces, cette lutte pour un établissement du supérieur autogéré est un véritable bol d’air !

La CFDT du début des années 70 avait fait de l’autogestion l’un des trois axes de sa stratégie, les deux autres étant l’appropriation sociale des moyens de production et la planification démocratique. Dans cette période, le Groupe de sociologie du travail (associé au CNRS) menait des enquêtes sur l’autonomie ouvrière dans les industries de série ; je publiais deux articles dans la Revue Autogestion et Socialisme, Paris, Anthropos. Le premier en 1973, Autogestion et autres éléments du projet socialiste, n°22-23, pp.189-224, janvier-mars. Le second en 1979, Autogestion de l’outil : du travail divisé au travail autogéré.

P1310856Aujourd’hui, la CFDT, le Parti Socialiste ont malheureusement oublié l’autogestion comme forme d’organisation de la production et du travail. Ce n’est pas à porter à leur crédit !

La CFDT de l’École spéciale d’architecture de Paris est même accusée par les militants CNT de cogérer avec la direction le licenciement de militants. Comble de l’horreur ! Ce projet a été bien entendu approuvé par les représentants du personnel CFDT, qui bien qu’ils désapprouvent par principe les licenciements, « comprennent et approuvent » les décisions de la direction, sans même en aviser les salariés alors que leurs mandats sont achevés depuis la fin mars 2015, et qu’ils viennent de signer avec la direction une prorogation de mandat jusqu’au 30 juin 2015 alors que les deux autres sections syndicales réclament la tenue de ces élections professionnelles depuis longtemps…

La grève de l’ESA est exemplaire. L’autogestion peut redevenir un objectif sociétal. Soutenir la lutte en manifestant aujourd’hui devant l’École !

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