Crépuscule des bibliothèques

Virgile Stark, Crépuscule des bibliothèques, Les belles lettres, 2015.

Les bibliothèques entre chien(s) et loup(s), compte rendu de Christophe Hugot, responsable de la Bibliothèque des sciences de l’Antiquité de l’université Lille 3 et administrateur du blog Insula, août 2015, Bibliothéconomie.

Extraits du compte rendu de Christophe Hugot. Est-on à la veille d’une catastrophe qui détruira les bibliothèques ? En faisant entrer internet, la technique et le numérique dans la bibliothèque, comme un Cheval de Troie, les bibliothécaires aussi enthousiastes qu’imprudents ont fait entrer leur propre malheur en leurs murs. C’est du moins ce que prétendent certains et Virgile Stark est l’un de ces prophètes de malheur. Cassandre n’a pas été écoutée : faut-il lire Virgile Stark ?

Derrière le pseudonyme de Virgile Stark, nous dit la quatrième de couverture de ce livre blanc, se dissimule un bibliothécaire qui aurait passé plus de dix ans à la Bibliothèque nationale de France, au cœur des grandes mutations du livre et du projet numérique. Cette expérience, traumatisante, est à l’origine d’un avertissement : Crépuscule des bibliothèques, un opuscule de 207 pages paru aux éditions Les Belles lettres au premier trimestre 2015.

De la lecture sur écran, ou La fin de la meditatio. L’ouvrage de Virgile Stark se veut avant tout la défense du livre papier, indépassable et imperfectible, face au livre électronique, cette liseuse qui est un non-livre (p. 28), objet désespérément plat, inodore, insipide et compact (p. 17). Mais la liseuse, ersatz du codex, est elle-même un objet de transition, prévient Virgile Stark, qui va être rapidement détrônée par la tablette numérique, amusante et stimulante (p. 185), laquelle, outre sa fonction de lecture, permet de surfer, de jouer. L’auteur constate : sur un écran, on y lit plus souvent ses consternants e-mails et flux de tweets que la prose de Voltaire ou Thucydide (p. 51).

Le changement de format n’est pas seulement une question sensuelle et va irrémédiablement modifier notre mode de lecture. Pour Virgile Stark, avec les écrans, on ne lira plus jamais de livres intégralement. Si l’hypertexte permet une indéniable créativité, ce mode d’approche du texte se fait au détriment de la lecture linéaire et concentrée : le picorage éphémère s’est substitué à la meditatio (p. 65). Pire : à terme, les éditeurs ne produiront plus que des textes formatés pour les écrans, couchés au lit de Procuste de la machine, avec des liens hypertextes amusants, agrémentés de sons et d’images (p. 185). Au final : exit la parution d’ouvrages longs (l’écran étant plus adapté aux articles courts) et ennuyeux (sans gadgets hypertextes). L’éradication du livre de papier mène ainsi à l’effacement des grands textes (p. 18).

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