UBO : le PRAG est président

Présidence de l’UBO (Le Télégramme, 31 juillet 2016). L’élection de Matthieu Gallou est confirmée par le tribunal administratif. Toutes les chroniques du blog sur les élections 2016 à  l’Université de Bretagne occidentale (UBO)

« La requête déposée le 8 avril dernier par Pascal Gente, l’un des trois candidats au poste de président et trois autres enseignants – Paul Jaffrès, Yvan Leray et Muriel Rebourg – contre l’élection de Matthieu Gallou avait été rejetée par le tribunal administratif de Rennes le 12 avril dernier. Pour rappel, les requérants arguaient l’inéligibilité de Matthieu Gallou, par rapport à son statut de professeur agrégé des lycées, non titulaire d’un doctorat.

Un jugement clair. L’instance a rendu, vendredi, son jugement sur le fond. « Il est dit que les professeurs agrégés exerçants comme titulaires dans une université sont bien éligibles aux fonctions de président de cette université, explique Matthieu Gallou, joint hier par téléphone. J’avais toujours dit que j’étais serein. Mais dans la mesure où il n’y avait aucune jurisprudence officielle, qu’aucun tribunal administratif ne s’était saisi de ce genre de question, il y a un aléa… Là, le jugement est très clair, il reprend l’argumentaire juridique sur lequel je m’étais fondé en amont de ma candidature, à savoir l’article 712, en répondant, à la question, « Est-ce que les professeurs agrégés font partie de ces personnels assimilés? »,  par l’affirmative. C’est toujours bon à prendre !». Les requérants ont un délai de deux mois pour faire appel de la décision.

CV en ligne sur le site de l’université. Matthieu Gallou, 44 ans, est Professeur agrégé de Philosophie et membre associé de 2 unités de recherche : Héritages et Constructions dans le Texte et l’Image et l’équipe d’accueil Éthique, Professionnalisme et Santé. Ancien étudiant de l’UBO, il a occupé diverses responsabilités et déjà plusieurs mandats à l’UBO, successivement :

  • 2003 – 2006 puis 2008 -2011 : Responsable du Département Philosophie
  • Mai 2011 –Août 2014 : Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines
  • Novembre 2013 – Aujourd’hui : 1er vice-Président aux côtés de Pascal Olivard.

Pour la 1ère fois dans l’histoire de l’Alma Mater, un professeur agrégé – enseignant non docteur – est élu président d’une université. Élection validée mais, pour moi, Mathieu Gallou demeurera non légitime dans la fonction présidentielle. Son horizon professionnel ? Brest ! Brest comme étudiant, Brest comme responsable du département de philosophie à 31 ans, Brest comme doyen à 38 ans. Aucune mobilité mais une course locale aux responsabilités administratives croissantes : il s’agit là d’une dérive claire de la position professionnelle, de la mission d’un enseignant agrégé.

L’accès à la présidence d’une université se diversifie donc. A quand la présidentialisation d’un directeur général des services ? d’un IGAENR professeur associé ?

14 Commentaires

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14 réponses à “UBO : le PRAG est président

  1. Mathieu

    Combien de présidents d’université sont de purs produits locaux de leur université, en France (PRAG ou non) ? Le savez-vous ? Combien ne connaissent rien d’autre que leur petite université et n’ont parfois pas de compétence valable en recherche (est-ce le cas de M Gallou d’ailleurs ?). Il y a de beaux exemples de la médiocratie ambiante… A quand un contrôle du CNU pour qualifier (a minima) à la présidence de l’université sur des critères pertinents pour des enseignant-chercheurs ?

    • Con-Ferré

      Pour répondre à la question que vous posez: M.Gallou n’a fait aucune recherche. Il n’a eu de fait, à côté de ses activités d’enseignant dans une section sur-sur encadrée en philosophie à l’UBO (moins de 30 étudiants sur les trois années de licence ?) que des fonctions administratives à l’UBO, syndicales (y compris au niveau national) et politiques… ce qui ne gâche rien, y compris pour cette élection…

      • L'intéressé

        Aucune recherche, c’est beaucoup dire : plusieurs publications dans des revues à comité de lecture, et diverses communications, notamment dans le cadre de l’activité des unités de recherche auxquelles il était membre associé : comme vous semblez bien le connaître, vous devez avoir le CV. C’est certes PEU, mais ce n’est pas RIEN… Quant au « sur-sur-encadrement » du département de philosophie, c’est une pure et simple contre-vérité : l’ensemble des titulaires (1 PR, 3 MCF, 1 PRAG) doit assurer environ 2000 heures TD, entre la licence et la participation à différents masters où la philo tient sa place. Et aucune fonction « politique » (hors responsabilités universitaires) à ma connaissance. De l’art de diffuser de fausses informations sous couvert d’un anonymat bien confortable…

    • L'intéressé

      Pour avoir réuni un groupe de contact inter-section des élus CNU de mon établissement, je puis assurer que l’évaluation par les diverses sections de l’implication des collègues dans les établissements n’est absolument pas normée à ce jour (pour les notes PEDR, par exemple). Je vois mal en conséquence comment imaginer cette instance responsable d’une sorte de qualification aux fonctions de président dans ce cadre…

  2. Con-Ferré

    Ce qui n’apparait pas dans le résumé que vous donnez du Télégramme (mais peut-être est-ce dans l’article lui-même) est que le rapporteur public avait conclu à l’annulation de l’élection pour inéligibilité du candidat le 23 juin dernier. C’est donc – chose rarissime et donc particulièrement étonnante ici puisqu’en pratique le juge suit à 95/98% les conclusions du rapporteur public – que le TA a décidé, contrairement aux conclusions du rapporteur public, à l’éligibilité de M.Gallou. Rien n’est donc aussi clair que M.Gallou le commente ici, du moins en droit. Le TA a défendu deux interprétations divergentes des mêmes textes…. Où est la clarté ? Et elle n’est surtout pas dans le jugement !!! En effet, le jugement quant à lui, si l’on ne peut pas en discuter la solution (sauf appel que l’on aimerait compte tenu de l’avis contraire du rapporteur public et de ce qui suit) brille, je dirai, par la médiocrité des arguments retenus. Le juge y « invente » par exemple des arguments que les requérants auraient invoqué alors que tel n’est pas le cas et en plus pour en faire un motif de rejet de leur prétention !!! Quand à l’argument retenu il est en fait que « toute personne qui a vocation à enseigner ou à faire de la recherche dans une université » (travaux préparatoires de la loi et non code de l’éducation comme le dit de manière allusive l’article du Télégramme et M.Gallou) est « assimilé » à un enseignant-chercheur (donc idem pour les PRCE, les contractuels LRU… car le jugement du TA ne distingue pas !!! il « exclut » seulement ceux qui enseignent « de manière exceptionnelle »). Ce motif est discutable sur le plan des travaux préparatoires qui réservent l’assimilation aux « PRAG issus d’une grande école » ( ligne d’interprétation donnée par la ministre elle-même) et dangereux dans ce que le juge trace ici comme étant l’université. L’Université n’est en effet plus un lieu d’enseignement ET de recherche mais un lieu d’enseignement OU de recherche… Le visage de la loi LRU est là, niché dans cette approche… Inutile de rappeler que « tous les EC ne font pas de recherche » etc… ils ont démontré qu’ils en étaient capables via le doctorat et la qualification… inutile de dire « oui mais le CNU.. ». aucune de nos institutions n’est parfaite, mais là, là le TA de Rennes, encore une fois dans un jugement qui n’est aucunement « crédible » sur les arguments (l’on ne peut ici dire que la solution est fausse, mais on ne peut pas dire pourquoi elle serait exacte), rendu plus en « équité » (légitimité de l’élection de M.Gallou remportée aisément qui gêne toujours le juge en matière électorale et lui permet quelques fantaisies avec le droit) qu’en droit… Au regard de ces motifs, le jugement devrait faire l’objet d’un appel et pourquoi pas d’une cassation. On doit l’espérer car c’est la représentation même de l’Université qui est ici en jeu… son unité nationale (cf les collèges universitaires à venir, Brest, ici auto-proclamé d’ailleurs comme futur tel pourrait être lieu d’expérimentation du coup).. mais aussi l’interprétation authentique en droit (et non en « équité » comme cela semble ici) de ce que disent effectivement la loi LRU et la loi ESR… et merci de ne pas me dire que je ne respecte pas les PRAG. Je les respecte hautement. Je dis simplement que ce jugement n’a pas de valeur juridique (si ce n’est qu’il valide sur le papier une élection mais dans un arrêt qui ne peut faire jurisprudence, même si pas d’appel), que sa solution comme l’élection de M.Gallou change de manière put-être prémonitoire le paysage des universités françaises… et si l’on met à la tête des ComUE des présidents payés comme des hauts fonctionnaires ministériels c’est peut-être parce qu’à force de réduire la gouvernance des université à du mangement, elle sera bien^tôt placée dans les mains des managers et oui, comme dans les hôpitaux dans les mains d’administratifs… Certains diront que ce ne sera pas plus mal… moi je pense qu’il reste inacceptable que l’auto-gestion des université par des universitaires disparaisse. Ce jugement en est peut-être l’une des fissures, quelle que soit la légitimité de l’élection de M.Gallou et le respect que l’on doit avoir pour la solution (mais pas les motifs) du TA de Rennes

    • politique

      ce serait intéressant de publier le jugement sur ce site pour que tout le monde puisse en prendre connaissance…

      • Marie K.

        Je me suis procuré le jugement via un collègue de Brest puisqu’il a été rendu public récemment par les requérants, mais je ne sais comment le publier sur ce site…. donc si quelqu’un peut me l’expliquer…

    • L'intéressé

      Juste une remarque : pour être l’un des seuls à avoir eu accès à l’intégralité du rapport lu en séance par le rapporteur public (les autres parties ayant sans doute eu mieux à faire le jour de l’audience…) je puis préciser qu’en dehors de sa conclusion formelle, le RP a longuement détaillé l’ensemble de ses doutes et de ses difficultés à conclure, avant de… conclure sur un « s’il faut conclure… ». Pour le reste, je trouve amusante l’idée d’une « autogestion » des universités considérée comme un âge d’or, sachant ce qu’il en était de fait avant 2007…

  3. Au-delà du cas particulier de cette élection, des personnes et de l’UBO, l’avis rendu crée un précédent démontrant que l’Université abandonne son unique spécificité pour une établissement de formation supérieur qui est de mener conjointement de la recherche qui est, rappelons le, un activité scientifique créatrice qui demande à ceux qui s’y engagent de prendre des risques et non d’accumuler responsabilités administratives (non évaluées) ou heures complémentaires au-delà du raisonnable. A quand la carte fidélité ? A 1000 points vous êtes assuré de présider ce qu’il restera de votre université.

    • L'intéressé

      Cher collègue,
      j’aurais eu plaisir de débattre avec vous de l’identité des universités à la CPU ou ailleurs, mais hélas vous fûtes battu.
      Une autre fois, peut-être ?…

  4. Jean

    Responsable du département de philosophie de l’UBO jusqu’en 2011…

    Au rapport (AERES 2011):

    Bilan de l’évaluation
    Appréciation globale : Ce dossier multiplie les négligences formelles : copier-coller mal assuré où l’on parle de filières à « effectifs étudiants importants », forme brouillonne comme dans la fiche RNCP… Il présente un contenu particulièrement insuffisant : des données importantes sont absentes (comme la question du devenir des étudiants en attente du résultat d’une enquête, la composition de l’équipe pédagogique dans le cas du parcours PHS …), ou insuffisamment développées (les compétences additionnelles et transversales censées valoriser le niveau du diplôme sont nommées mais à peine évoquées…).
    Ce manque de précision est particulièrement visible en ce qui concerne les enseignements transversaux (aucun développement dans le dossier) et, plus généralement, en ce qui concerne l’ensemble des dispositifs établis à l’échelle de l’UFR ou de l’établissement.

    – Le contenu précis du parcours « PHS » demeure au mieux programmatique.
    – Le dossier ne précise pas en quoi ce parcours serait différent des parcours antérieurs, essayés et finalement supprimés, et en quoi il permettrait d’améliorer le flux d’étudiants.
    – Surtout, pour pérenniser une formation de ce type dans la région, l’équipe pédagogique devrait œuvrer pour une meilleure intégration de la mention au sein de l’UFR et au sein du portail Sciences humaines, une possession accrue des dispositifs d’accompagnement des étudiants (établis à l’échelle de l’UFR et de l’établissement), ainsi que par une plus grande valorisation des compétences visées par la licence et
    un meilleur suivi des étudiants.
     Point fort : La mauvaise qualité formelle du dossier rend difficile l’identification du moindre point fort.
     Points faibles : Le dossier néglige des données essentielles : il est imprécis concernant la structuration globale de la maquette (en termes de modalités de contrôles, de volume horaire pour les unités d’enseignement (UE) non disciplinaires…) ; peu de données concernant l’accompagnement des étudiants (comment ceux-ci sont-ils informés ? Comment sont-ils accompagnés dans leurs choix d’orientation et de réorientation ?). C’est le même constat concernant l’équipe pédagogique elle-même (celle-ci n’est pas reneignée dans le dossier ; sa structure et son fonctionnement ne sont pas précisés pour le parcours PHS…).
     Les données concernant le devenir des étudiants sont promises mais non encore disponibles. La fiche RNCP et l’annexe descriptive au diplôme (ADD) ne sont pas correctement renseignées.
     Les compétences additionnelles et transversales que les étudiants acquièrent ne sont pas valorisées.
     Seuls les enseignements disciplinaires sont correctement renseignés. Les UE transversales sont à peine
    signalées, mais non explicitées. La mention est autocentrée sur le bloc disciplinaire.

    • L'intéressé

      Ah, les rapports AERES de ces années-là… qui portaient sur la qualité des rapports et non sur celle des formations, qui étaient rédigés à la va-vite sans aucun échange d’aucune sorte avec les responsables, et qui dépendaient aussi, beaucoup (c’est le cas, hélas, pour celui-ci) de la qualité des intermédiaires qui transmettaient les données.
      En l’occurrence, il se trouve que le projet que pointe avec acidité, voire virulence, ledit rapport, a donné lieu à une remontée importante des effectifs de la licence de philosophie (x2.5 en 3 ans…), avec une évaluation pour le coup bien meilleure par l’HCERES en 2016.
      Mais je ne suis pas bien sûr de vous en convaincre…

      • Con-Ferré

        Bonsoir, L’Interessé, on dirait à vous lire, ces temps-ci tout à coup, que vous avez découvert ce blog et vous y répondez à certains posts avec plusieurs mois de « retard ». Dans tous vos posts, vous semblez en saoir plus que toutes et tous apparemment et sur tout ce qui s’y dit. Je vous l’avoue: je trouve parfois que vos commentaires sont assez « contents d’eux » si vous me permettez cette appréciation, malgré ici une utilisation du français (par moi) approximative. Vous semblez juger – en tout cas vos posts peuvent être perçus ainsi, ils le sont par moi – vos interlocuteurs ou malhonnêtes (comme moi – supra – j’y répondrai sans doute d’ailleurs, si j’ai le temps car je sais ce que je dis, même si je peux « maladroitement » le dire, je vous le concède) ou butés comme ici. Alors, vous aurait-on reconnu, Superman ? Pour être sérieux: vous ne pouvez nier la réalité (à moins que vous soyez adepte de la théorie des faits alternatifs innovée par Trump en cette triste époque de post-vérité, ce que je ne pense pas): le rapport AERES de 2011 est très mauvais et les universitaires le savent: la forme sert le fond et on ne peut mal décrire une bonne formation sauf en ne faisant pas correctement le dossier; ce qui est clairement dit par le rapport ici cité à savoir, en gros, « un dossier ni fait ni à faire » et qui rend l’évaluation de la formation (bonne ou mauvaise, peu importe) impossible… Alors, si l’on vous suit, la faute en revient aux intermédiaires ? Au manque de temps ? Aux manques d’échanges avec les responsables ? donc à un défaut de bonne gouvernance de l’UBO sous le président Olivard dans la préparation du quinquennal d’alors ? A « l’acidité et la virulence » des experts ? Si vous le dites, pourquoi devrait-on ne pas y croire ? Si l’évaluation a été meilleure en 2016 (même si elle n’est pas non plus excellente; il resterait donc des efforts de « forme » à faire en la matière pour que l’évaluation parvienne à refléter la réalité de la qualité de la formation que vous défendez), c’est que le dossier était aussi peut-être mieux rédigé (par qui d’ailleurs alors ?) et la formation du coup « évaluable » car en 2016 comme en 2011, les formations n’ont été jugées que sur dossier… Quant à la multiplication des effectifs en licence de philosophie, on ne peut, dans toutes les universités, que s’en féliciter car nous avons bien besoin de gens qui pensent avec distance à ce que peut-être l’avenir d’un véritable monde conçu, notamment universitaire plutôt que des étudiants fondus dans le dogme unique de cours dispensés en distanciel et dont les dossiers de formation seront rédigés par des gestionnaires qui comptent pour intégrer un schéma formaté et contraint type ComUE…
        Cordialement

      • Jean

        Ah ces responsables qui ne rédigeaient point les rapports et ces intermédiaires qui ne transmettaient pas l’information des premiers vers les rédacteurs et ces évaluateurs assez sots pour se contenter de ces rapports… Il eu fallu des enquêteurs de terrain pour éprouver la valeur des formations et compter les effectifs…

        Souhaitez-vous vraiment que l’on s’étende sur le passé du département de philosophie de l’UBO ? hmm ?

        Et est-ce nécessaire ? Puisque les zéros ont été multipliés par 2,5 et les responsables hissés vers de nouvelles hauteurs…