Fabre, 30 ans en 1796

François-Xavier Fabre (1766-1837), une carrière incomparable : peintre, collectionneur, marchand, expert, donateur, puis directeur du musée de Montpellier qui porte aujourd’hui son nom.

Album de 55 photos : 18 toiles exposées dans le musée (11 toiles peintes avant l’âge de 30 ans, 7 toiles après 30 ans).

Autoportrait peint à l’âge de 18 ans. Cliquer pour agrandir

Une carrière italienne. (présentation par le Musée). « François-Xavier Fabre (1766-1837) est passé à la postérité grâce à la donation faite à Montpellier de son extraordinaire collection de peintures. Par le retentissement de son geste, sa personnalité de collectionneur a paradoxalement éclipsé son œuvre de peintre. S’il avait souhaité que certaines de ses œuvres voisinent avec sa riche collection de peinture française et italienne, il n’en n’était pas moins un artiste oublié de ses compatriotes.

Il ne peignait déjà plus depuis plusieurs années et sa gloire précoce et prometteuse de jeune prix de Rome s’était terni au profit de ses camarades d’atelier Girodet, Gros ou Gérard. Ces deniers avaient, à la différence de Fabre, adopté la cause révolutionnaire, accompagné par leur peinture l’ascension de Bonaparte et adapté leur art au goût romantique. Fidèle à ses opinions monarchistes, Fabre avait préféré rester en Italie et maintenir les principes stricts du néoclassicisme davidien qui était passé de mode ».

Saint Sébastien expirant (peint à 23 ans)

Biographie : citations de De Florence à Montpellier : le destin singulier de François-Xavier Fabre, collectionneur et fondateur du musée, par Michel Hilaire, Les collections électroniques de l’INHA.

1766. Naissance de François-Xavier Fabre.

1779 (13 ans). Fils d’un obscur peintre de Montpellier, Fabre fréquente les écoles gratuites de dessin de la Société des Beaux-Arts, fondée en 1779. 1783 (17 ans). Il intègre ensuite l’atelier de David à Paris.

1787 (21 ans). Victorieux du Grand Prix de peinture, il arrive à Rome la même année où il s’imposera peu à peu comme un des grands espoirs de la peinture française d’alors.

1791 (25 ans). En pleine Révolution, il triomphe au Salon avec son Abel expirant, troisième académie masculine exécutée l’année précédente. Pensionnaire du roi, peu fortuné, Fabre se contente d’abord de négocier ou d’échanger avec ses camarades peintres des œuvres modestes, esquisses ou dessins, que l’on retrouvera plus tard dans la donation à la ville en 1825 et dans le legs de 1837.

Abel expirant (peint à 25 ans)

1793 (27 ans). La carrière romaine, très prometteuse, de Fabre s’interrompt brutalement en janvier avec les émeutes à Rome et l’incendie de l’Académie. Le peintre se réfugie à Florence où l’on trouve mention de son nom à plusieurs reprises dans les listes établies par François Cacault, représentant français à Rome, et envoyées à Lebrun, ministre des Affaires étrangères.

À Florence, Fabre entre rapidement en contact avec deux des personnages les plus illustres de la ville, Vittorio Alfieri et son égérie, Louise de Stolberg , comtesse d’Albany et veuve du prétendant au trône d’Angleterre, qui lui ouvre son salon au palais Gianfigliazzi dans lequel elle vient de s’installer avec le poète.

En marge de son activité de peintre d’histoire mais surtout de portraitiste mondain, Fabre entame une activité de marchand et d’expert en œuvres d’art qui l’amènera naturellement à collectionner pour son propre compte.

Portrait de Francesco Fornacciari, ermite à Vallombrosa (1798)

1797-1798 (31-32 ans). Peu à peu, il connaît une certaine aisance grâce à son activité de copiste, qui s’intensifie, autour des noms de Raphaël et de Gaspard Dughet en provenance « de la Galerie » de Florence. Souvent sa collection s’enrichit au gré de ses relations d’amitié : Gauffier lui cède dans ces mêmes années un ensemble remarquable de dessins et d’esquisses sur le thème de l’abbaye de Vallombrosa, site fameux que les deux artistes avaient visité, et Castellan, de passage chez lui en 1798 et avec qui il se rend à Vallombrosa, lui fait cadeau d’un Paysage classique

1798 (32 ans). C’est probablement en 1798, lors de la dispersion de la collection d’un émigré à Florence, que Fabre se procure Les Bords du Tibre de Poussin provenant de la collection Mariette. C’est sans doute à l’occasion de ses déplacements à Rome, chaque année à l’automne, que l’artiste put se procurer ses tableaux de Poussin dont le nombre ira croissant jusqu’à atteindre, selon lui, quatorze.

Pendant longtemps, Fabre s’est abandonné à Florence à la fureur d’acheter et de vendre sans trop se soucier des contours de sa propre collection, à quelques exceptions près comme les « souvenirs » d’amis peintres de sa jeunesse auxquels il attache une valeur affective, les tableaux ou gravures de Poussin, toujours avidement recherchés et qui viennent nourrir ses propres recherches de peintre, enfin bon nombre de petits tableaux de piété, d’origine florentine, de moindre valeur marchande, que l’on retrouvera plus tard dans la donation de 1825…

1813 (47 ans). Vis-à-vis de la comtesse d’Albany, Fabre se comporte en conseiller et en ami, l’invitant par exemple en 1813 à faire l’acquisition des Souterrains de Saint-Martin-des-Monts par Granet. La collection de la comtesse, dont il héritera plus tard, reflète indéniablement les propres goûts de Fabre puisqu’on y trouve, outre ses propres œuvres, bon nombre de paysagistes internationaux et quelques peintres nordiques…

Plus le temps passe et plus on voit Fabre profondément enraciné à Florence, respecté par ses pairs, consulté par les plus hautes autorités et jouissant de la confiance absolue de son amie Madame d’Albany. Quand il se voit offrir une place avantageuse à Paris, en 1814, il confie à son ami Clarke rallié au roi Louis XVIII…  : « mon existence ici est assez heureuse. J’ai accumulé beaucoup de choses en livres tableaux estampes, etc. J’ai une petite fortune placée par les meilleures maisons de Florence, mon déplacement serait dispendieux et il me faudrait quelque temps pour assurer mon petit pécule »…

1816 (50 ans). Son frère Henri, médecin, disparaît et la comtesse d’Albany le nomme héritier universel et exécuteur testamentaire. L’année suivante, il acquiert le palais Mazzei près de la porte San Frediano, sorte de préfiguration du musée de Montpellier.

Buste de Fabre par les Santarelli (1820)

1822 (56 ans). L’idée d’une donation à sa ville natale doit se préciser de plus en plus dans son esprit et le voyage à Paris de 1822, accompagné de la comtesse, avec une halte à Montpellier sur le chemin du retour, a pour but de faire avancer ce projet qui lui tient à cœur malgré les réticences de ses amis.

1825 (59 ans). Après le décès de la comtesse le 29 janvier 1824, Fabre règle la succession et met son projet à exécution : dès le 5 janvier 1825, il adresse une lettre au maire de Montpellier, le marquis de Dax d’Axat : Je possède en Italie, un nombre assez considérable de tableaux anciens et modernes, de livres, estampes, dessins et autres objets d’art, dont je me propose de faire hommage à la commune de Montpellier, ma ville natale

Portrait de Fabre âgé (1835)

1837 (71 ans). Mort de François-Xavier Fabre.

Fabre fut donc un bon conservateur, passionné jusqu’à la fin par l’œuvre qu’il avait fondée à Montpellier et qui devait faire passer son nom à la postérité. Même s’il lui est arrivé de se tromper, on peut affirmer cependant que son rôle dans l’édification du musée de Montpellier apparaît encore aujourd’hui prépondérant. Il sut transformer une petite galerie municipale, encore modeste, en un véritable musée dont la renommée s’étendit bien au-delà des frontières de la région. Ses tableaux français et italiens qui vinrent, selon le propre vœu du peintre, si heureusement se mêler au fonds municipal déjà existant procurèrent d’emblée à la jeune institution une légitimation historique, à l’instar d’autres grandes collections publiques françaises. L’apport de Fabre dans le domaine du néoclassicisme apparaît majeur.

Commentaires fermés sur Fabre, 30 ans en 1796

Classé dans AA. Histoire 18ème siècle, AH. Histoire 19-20èmes siècles, BA. Photos, C. Occitanie (Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon), D. Italie, E. Mobilité internationale, Non classé

Les commentaires sont fermés.