PACES : zéro inscrit en 2018 ?

Réforme « Orientation et réussite des étudiants ». Les attendus nouveaux pour entrer en licence, comme le Beaujolais mais avec un mois de retard, sont arrivés : 48 pages sur le site du ministère

C’est la plus belle farce de l’année, mais c’est une farce effrayante ! Les attendus sont d’une telle exigence qu’aucun bachelier ne va pouvoir les satisfaire : zéro inscrit à la rentrée dans les filières à capacités d’accueil limitées. Il suffit pour s’en convaincre de lire les attendus pour l’inscription en PACES, première année commune des études de Santé.

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Certes ce scenario catastrophe ne va pas arriver. Exit le tirage au sort. Vive la loterie nationale ! Comment les bureaucrates nationaux hors-sol, pondeurs de ces attendus, ne se rendent-ils pas compte que les jurys dans les universités n’auront pas la capacité de vérifier que tel ou telle bachelier(ère) a bien tous les attendus ou la plupart des attendus (dans quel pourcentage d’ailleurs ?).

Pire encore, la possession de certains des attendus ne peut être vérifiée qu’à l’oral, or aucun entretien n’est prévu. Heureusement d’ailleurs ! Les enseignants-chercheurs n’ont pas pour première mission de recruter leurs étudiants et d’y passer leurs jours et leurs nuits.

Et faudra-t-il signaler, par écrit, à chaque étudiant(e) refusé(e) qu’il lui manque telle ou tel attendu ? Impossible. Les contentieux en référé vont se multiplier et donc embouteiller très gravement les tribunaux administratifs. Et on dira que la Justice française fonctionne mal !

Chaque année qui passe, le monde des universités publiques est de plus en plus effrayant.

Et l’enseignement supérieur privé ? Il paraîtrait qu’il ne serait pas concerné par la nouvelle procédure d’admission, ParcourSup. Dans le privé, les jurys feront comme ils voudront. Les parents et les bacheliers aurait pleinement raison de tenter le coup d’une demande d’admission dans le privé. Ils seraient beaucoup moins stressés !

Et quand on vous dit, chiffres à l’appui, que les gouvernements depuis 2002 privilégient l’enseignement supérieur privé, cette histoire d’attendus verbeux en est une autre preuve. Tout se passe comme si ce gouvernement criait à tout va : « courage, fuyez l’université publique ! »

7 Commentaires

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7 réponses à “PACES : zéro inscrit en 2018 ?

  1. Marianne

    Les attendus sont tellement vagues que les critères seront propres à chaque université et c’est vers cela qu’on s’oriente..Certains ne prendront que des bac S, d’autres regarderont les langues et d’autres prendront tous le monde car ils ont tellement peu d’étudiants que la sélection ne sera pas possible
    Mais c’est déjà le cas en IUT, en CPGE, en BTS, dans les formations privées….

  2. Marianne

    Et je ne vois pas le problème
    Au lieu d’avoir des amphis de 1000 en PACES ils en prendront 300, ceux qui ont les meilleures notes sans doute en bio et en physique
    Ca permettra peut être à ces étudiants la d’avoir de meilleures conditions et d’éviter de payer des cours privés avec un coût exorbitant

  3. Pierre

    Les attendus sont d’un vide qui donne le vertige : où on apprend entre autres que pour réussir ses études en mathématiques il faut …être bon en maths! ou pour réussir en STAPS il faut être bon en sport… je suis sûr que vous n’y aviez jamais pensé…
    Par ailleurs il me semble qu’un bon nombre d’aptitudes demandées sont justement celles que devrait sanctionner le baccalauréat. Ou pour présenter la chose d’une autre manière : on donnerait donc le bac à des élèves qui n’ont pas une bonne expression écrite ou orale ? ou qui ne maîtrisent pas une langue étrangère, après 7 ans d’apprentissage en LV1 ?
    48 pages pour un scoop !
    Bon courage à ceux qui devront faire leur choix dans les établissements, bien sûr personne ne s’est posé la question des moyens et qui va s’atteler à la tâche de séparer le bon grain de l’ivraie;

  4. 1965

    Pierre écrit: « Les attendus sont d’un vide qui donne le vertige : où on apprend entre autres que pour réussir ses études en mathématiques il faut …être bon en maths! ou pour réussir en STAPS il faut être bon en sport… je suis sûr que vous n’y aviez jamais pensé… »

    De fait, le tirage au sort niait cela. Donc, là, ne boudons pas notre satisfaction. Et cela peut s’évaluer sur dossier scolaire (résultats du baccalauréat y compris), ce que nous faisions pour l’instant en catimini dans certaines formations, pour éviter d’élaguer les candidats à l’inscription sur un simple lancé de dé. Je trouve que les commentaires négatifs frisent la mauvaise foi.

  5. Marianne

    Je suis d accord. Les attendus relevent du bon sens mais jusque la on n’avait pas le droit d’envisager la sélection…

  6. Levron

    Je suis perplexe. Je voudrais que quelqu’un me fournît le mode d’emploi de ces attendus. Ainsi donc, les filières privées y échapperaient? Leur étudiants n’auraient pas à passer par Parcours Sup’? Plusieurs scénarios sont envisageables:
    -Les « privés » ont des critères raisonnables, mais pas centralisés, ou centralisés selon des systèmes particuliers (type: banque d’épreuves pour l’examen d’entrée). Les lycéens devront donc passer du temps à trouver la bonne information au bon moment (réalisation d’un attendu: savoir faire des recherches sur Internet ou au CIO, ah ah ah!)
    -Ils ont des critères plus élitistes. Il faudra savoir jongler entre l’information donnée par le ministère et celle provenant de tiers.
    -Ils flairent l’aubaine et font la pute et le larron (excusez ma grossièreté). C’est une stratégie envisageable si l’on doit renflouer les comptes d’une école, mais pas si l’on veut prodiguer un vrai enseignement. Nos jeunes n’échapperont donc pas au risque de tomber sur des aigrefins qui leur joueront l’air de « venez chez nous, nous sommes ouverts à tous » et qui leur soutireront beaucoup d’argent pour peu de bénéfices (voire pas du tout).
    Je ne suis donc pas convaincu-et j’euphémise-par ce nouveau système. J’ai peur que cela ne se transforme en merdier abominable…

  7. remi4camus

    Levron écrit: « Ainsi donc, les filières privées y échapperaient? (…) Je ne suis donc pas convaincu-et j’euphémise-par ce nouveau système. J’ai peur que cela ne se transforme en merdier abominable… »

    Je pense que la coupure de la citation n’en affecte pas le raisonnement. Et manifeste sa faiblesse. De ce que cette réforme puisse, parmi ses inévitables conséquences négatives (bien malin celui qui proposera la panacée !), avantager les établissements privés, il ne suit pas qu’elle soit fondamentalement mauvaise a) pour les établissements publics : b) en général.

    Décidément peu convaincu par les argumentations opposées à cette réforme qui toutes bottent en touche, j’ai donc « enguirlandé » les syndicalistes de mon établissement. Il y a bien assez de sujets de mécontentement comme ça, nul besoin d’en créer artificiellement lorsqu’on trouve une pépite. J’entends par là une réforme qui semble aller dans le bon sens. Au reste, il n’y a rigoureusement aucune contradiction entre l’instauration d’une sélection au mérite pour l’accès aux formations universitaires et une lecture empathique, disons… des « Héritiers » de Bourdieu. (n’en déplaise à telle jeune sociologue citée dans les colonnes du Monde la semaine dernière : les journalistes sont en train de forger une image bien détestable du sociologue-type, plutôt bas de plafond et manichéen, vous ne trouvez pas?)

    Le travail de sape est opéré en amont dans les écoles primaires puis au collège et au lycée : nos mioches qui sont dans des établissements publics ont sacrément intérêt d’avoir des parents des classes sociales hautes, puisque c’est désormais chez soi qu’on compense les absurdités des programmes foireux (refus de l’apprentissage par coeur, refus de la grammaire, progressions dites « spiralaires », « socle des compétences »…), la répartition géographique inique des enseignants (les plus inexpérimentés dans les collèges des zones pauvres) et l’absentéisme des enseignants. Vous comprenez, je pense, que mes lignes « sentent le vécu »….

    Arrivé au niveau universitaire, on trouve
    1) du côté de l’institution : des échos de ce que l’on connaissait précédemment. Par exemple, on refile aux inexpérimentés les cours pléthoriques et jugés moins gratifiants de Licence1 ;
    2) du côté du public estudiantin : des jeunes gens pour qui les jeux sont quasiment faits. Certains seront des universitaires, d’autres non. Au nom de quel principe supérieur les premiers devraient-ils faire les frais de l’imbécillité de la formation prodiguée dans les écoles et le secondaire ? Au nom de quoi faudrait-il encourager voire contraindre les seconds à suivre des formations dont ils ne veulent guère eux-mêmes ? Et pourquoi veut-on à tout pris envoyer toute un classe d’âge sur les bancs de l’université dès la sortie du secondaire ?