Parcoursup en droit. Questionnaire

Parcoursup en droit : les attendus ; un questionnaire d’auto-évaluation. Une bonne idée diversement interprétée ou pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Courrier de Sandrine CLAVEL, professeur de droit privé et sciences criminelles, présidente de la Conférence des doyens de droit et science politique.

« Chers collègues, je vous adresse ce message, en ma qualité de présidente de la Conférence des doyens de droit et science politique, pour vous donner une information claire sur le dispositif que nous avons mis en place, dans le cadre d’une action concertée des Facultés, sur Parcoursup pour la candidature aux Facultés de droit cette année.

Ainsi que vous le savez sans doute, la candidature en droit est désormais conditionnée par l’obligation de passer un questionnaire d’autoévaluation. Beaucoup de fausses informations sont véhiculées concernant ce questionnaire, en ce compris par les enseignants du secondaire, et je voudrais donc que vous soyez parfaitement au fait du dispositif. Je réponds ce faisant à la de mande qui m’a été faite par certains d’entre vous. Je tâcherai d’être synthétique.

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A quoi sert le questionnaire ?

Je lis et j’entends ça et là qu’il est destiné à sélectionner parmi les candidats, ce qui est absolument FAUX. Les résultats du questionnaire ne sont pas connus des Facultés de droit (le Ministère y tenait, et en toute hypothèse le résultat d’un questionnaire renseigné par les candidats chez eux, sans aucun contrôle, ne peut être déterminant de quoi que ce soit). Seul le fait que le questionnaire a bien été validé par le candidat est attesté, et cela permet de déverrouiller la candidature sur Parcoursup.

Mais alors me dit-on, il ne sert à rien ! J’entends même que nous dépensons l’argent du contribuable pour du vent. J’avoue être assez surprise de ces réactions, surtout lorsque je vois d’où elles émanent (ceux-là même qui nous reprochent de vouloir sélectionner…). Comme s’il ne pouvait y avoir d’autre objectif à la pédagogie que la sélection. Cela fait frémir, mais passons.

Le questionnaire est d’abord un moyen d’éprouver, mieux qu’une lettre de motivation, la motivation du candidat. Nous sommes certains qu’il n’a pas coché Droit « par hasard », ou parce qu’il avait encore un choix à faire et qu’il s’est dit : « ben je vais mettre droit parce que j’aime bien les séries sur des cabinets d’avocats… ». Il s’agit donc de garantir un choix réfléchi.

Le questionnaire est ensuite un moyen pour le candidat de comprendre ce qui l’attend dans une Faculté de droit, alors que les « attendus » sont assez généraux. Que signifie l’attendu « maîtriser les fondamentaux de la langue française » ? Le candidat doit répondre à 5 questions qui définissent le niveau d’attente que nous avons en vocabulaire, grammaire, conjugaison.

Nous avons d’ailleurs entrepris d’expliciter les attendus, sur notre site, pour aller plus loin que les 3500 caractères autorisés par Parcoursup, et je vous invite à les consulter

Le questionnaire est enfin pour le candidat un moyen de s’autoévaluer, car lui, il a son résultat. A cet égard, on me dit que nous aurions dû mettre une grille de lecture (par ex. vous avez moins de 5, passez votre chemin) mais nous nous y refusons car cela nous semble dangereux, sans connaître le profil du candidat. Nous l’invitons donc à discuter de ce résultat avec ses proches et enseignants. On me dit aussi qu’il aurait fallu que le résultat soit plus détaillé (ici il n’a qu’un score final). Je suis totalement d’accord, mais l’ONISEP, qui est le partenaire que le Ministère nous a imposé, nous a dit ne pas pouvoir donner plus qu’un résultat final. Compte-tenu des délais de mise en place (moins de quatre semaines dont deux pendant les congés de Noël), nous avons décidé de nous en contenter.

Qu’y a-t-il dans le questionnaire ?

Là encore, j’entends tout et n’importe quoi. Nous testerions les candidats sur leur niveau en droit, nous aurions calibré le questionnaire pour un niveau master. Tout cela est faux. Ne sachant comment ce mail va circuler, je n’y joins pas le texte du questionnaire, dont l’accès est en principe sécurisé. Mais vous pouvez vous rapprocher de vos doyens qui ont ce texte. En revanche je vous donne quelques indications précises, pour désamorcer les fantasmes.

Le questionnaire comporte 25 questions, 5 par attendus, soit :

-5 questions de français

-5 questions de compréhension de texte. Le texte n’est pas un texte juridique, mais un court article du Monde.fr sur une question juridique (la dernière décision de la CJUE sur la GPA). Toutes les réponses sont dans le texte.

-5 questions relatives à « l’ouverture au Monde et le niveau de langue anglaise », soit 2 questions de culture gé « internationale » (une très facile, une plus difficile), et trois questions de compréhension d’un court article de presse en anglais sur Trump et la démocratie.

-5 questions de logique appliqué au droit (aucune connaissance juridique n’est requise, il s’agit de logique, voire de français concernant l’usage des connecteurs logique)

-5 questions relatives à « l’intérêt pour les questions sociales, historiques… », calibrées sur le programme d’histoire-géo de terminale. 4 questions ont d’ailleurs été rédigées par un professeur d’histoire-géo de terminale.

Le questionnaire n’est pas particulièrement facile, ni excessivement difficile… comme les études de droit ! Nous l’avons testé auprès de quelques étudiants de lycée et de première année de droit, et les résultats n’étaient ni excellents, ni catastrophiques. Mais le questionnaire correspond globalement à ce à quoi l’étudiant sera confronté dès son entrée à la Faculté : savoir lire et comprendre un texte, parfois relativement complexe ; savoir réfléchir ; savoir écrire sans fautes ; connaître son programme de terminale…

Vous savez tout. Bien évidemment, tous vos commentaires sont les bienvenus, nous sommes en « année zéro », le dispositif est loin d’être parfait, mais nous avons travaillé dans des conditions ubuesques, pour tenter de donner corps à cette réforme.

Nous avons aussi fait, dans le même délai et en parallèle, un gros effort pour offrir un dispositif d’orientation aux lycéens et l’accompagner dans sa réflexion. Ce dispositif reste embryonnaire , il devra être développé dans les années à venir, mais il a le mérite d’exister. Vous le trouverez là : https://univ-droit.fr/terminale

Le site officiel Terminales 2017-2018 y renvoie.

Je remercie sincèrement Gilles Dumont et l’équipe de l’UNJF, la Faculté de Paris V et l’université de Paris II, qui ont permis à ce dispositif de voir le jour en un temps record.

Nous pensons, et espérons, que ces éléments seront de nature à renforcer la qualité des étudiants qui rejoignent les rangs de nos Facultés !

Bien sincèrement.

10 Commentaires

Classé dans E. Droit et Sciences politiques

10 réponses à “Parcoursup en droit. Questionnaire

  1. étonné

    Bon, ça émane de juristes.

    Donc auraient-ils l’amabilité de m’indiquer quel texte légal, réglementaire, ou autre conforte l’affirmation : « Ainsi que vous le savez sans doute, la candidature en droit est désormais conditionnée par l’obligation de passer un questionnaire d’autoévaluation ».

    Parce que comme ils le savent parfaitement, sans texte, il ne peut y avoir une « condition » posée à la candidature…

    Mais bon, peut-être dans que dans un « monde nouveau » les doyens de facs de droit oublient les bases juridiques de l’État de droit ?

    • Questionnaire

      Il n’y a actuellement aucune autre condition que le baccalauréat pour s’inscrire en licence en droit, et il ne semble pas que le projet de loi actuellement en discussion y change quoi que ce soit. En revanche, l’art. L.612-3 du Code de l’éducation, dans sa rédaction en vigueur (depuis 2007), précise que cette inscription se fait « sous réserve d’avoir, au préalable, sollicité une préinscription lui permettant de bénéficier du dispositif d’information et d’orientation dudit établissement ». C’est dans ce cadre, parfaitement légal, que se situe le questionnaire.

      • étonné

        Vous écriviez que la candidature « est conditionnée » par le questionnaire. Il semblerait désormais que ce soit la préinscription qui soit « conditionnée ». Où la loi dit-elle que la préinscription peut-elle être « conditionnée » par quoi que ce soit ?

  2. Sbo

    Bonsoir,
    J’aime les questionnaires et en tant qu’informaticien j’aime tester. Donc par ma tablette (Android) direction http://www.terminales2017-2018.fr/Sites-annexes/Terminales-2017-2018/Questionnaire-d-auto-evaluation/Questionnaire-d-auto-evaluation-droit puis mon INE (oulala j’étais plus jeune sur la photo) puis…rien, nada, aucune réaction de l’App, pas de bouton « suivant ». Donc si les développeurs de l’App me lisent… 😉

  3. Nancéien

    Bonjour,

    comme on ne sait pas ce que les étudiants qui ont réussi leurs études ont comme score moyen à ce questionnaire, et encore moins la distribution des scores et la relation entre cette distribution et la réussite aux études de droit (il faut avoir 6/20 ou 15/20 à ce questionnaire pour avoir de bonnes chances de réussite ?), ce questionnaire n’apporte pas grand chose.
    Il aurait été nécessaire de le tester auparavant auprès d’étudiants ayant réussi (ou pas) des études de droit pour mesurer sa pertinence.

    • étonné

      Bonjour,

      Pourquoi voudriez-vous tester la pertinence d’un questionnaire qui n’a aucune base légale, dont on ne peut légalement tirer aucune conséquence ; mais dont le seul objet est à l’évidence d’éliminer un certain nombre de candidats (ceux qui n’ont dans leur entourage personne de suffisamment bien informé pour leur dire : « réponds n’importe quoi, ça n’a aucune conséquence », c’est-à-dire les candidats les plus défavorisés socialement) ?

  4. Nancéien

    Pouvoir, pour un étudiant, calculer sa probabilité de réussite est un élément de choix d’une filière. Reste à savoir, c’est le sens de ma remarque, si ce questionnaire là est un bon indicateur. Je n’en suis pas persuadé.
    Mais effectivement, construire des « aides à la décision » plus précis que « série du bac », n’est pas inintéressant.

  5. Norbert

    Ah oui c’est vrai répondre à un questionnaire cela peut décourager un candidat. Rien ne l’a préparé à ça avant. Il serait préférable de l’éprouver à l’issu du master pro ou recherche auquel son titre de bachelier doit nécessairement le conduire via la réussite qu’il lui garantit en licence etc.

    Droit, Médecine & apparentés : les seules formations qui ne sont pas encore distancées par les classes préparatoires aux GE et les IUT ; formations qui ont banni toute idée de sélection, bien sûr.

    Pourcentage d’échec en 1ère année de droit ? Et en première année de médecine ? Pardon, là c’est un concours.

    Buvons du vin à l’ombre des roseaux en oubliant ce monde de poussière.

    Li-Po.

  6. Nancéien

    Les filières de droit (comme celles de médecine ou de pharmacie) ne peuvent être distancées par les classes préparatoires, car elles détiennent le monopole d’accès à certaines professions : pour être avocat, notaire, huissier, etc…il faut être titulaire d’un M1 de droit (à de très rares exceptions près).

  7. Bonjour
    Je vous cite :
    « 5 questions de français (…)
    5 questions de compréhension de texte. (…)
    5 questions relatives à « l’ouverture au Monde et le niveau de langue anglaise (…)
    5 questions de logique appliqué au droit (aucune connaissance juridique n’est requise, il s’agit de logique, voire de français concernant l’usage des connecteurs logique) (…)
    5 questions relatives à « l’intérêt pour les questions sociales, historiques… », calibrées sur le programme d’histoire-géo de terminale (…) »

    En quoi ces interrogations sont-elles spécifiques au Droit ?
    En quoi sont-elles une garantie d’un choix du domaine juridique ou « un choix réfléchi » ?
    Ne sont-elles pas aussi spécifiques à de très nombreux secteur des enseignements supérieurs ?