Poitiers. Saint-Pierre, dès 1160

Poitiers. Cathédrale Saint-Pierre (source Wikipédia). Photos d’avril 2018

« Construite à l’initiative d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II Plantagenêt à partir de 1160, consacrée en 1379, la cathédrale Saint-Pierre est de style gothique angevin (emploi de voûtes bombées sur plan carré) et s’apparente aux églises-halles par sa division en trois vaisseaux d’égale hauteur. La façade, cantonnée de deux tours inachevées, emprunte des éléments à la grammaire stylistique du nord de la France.

1.Le vaisseau. Des contreforts massifs en lieu et place des arcs-boutant soutiennent l’édifice.

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La façade occidentale, disposée en retrait des deux tours, date du milieu du XIIIe siècle. Elle est structurée par une rosace et trois portails à gable. Elle a subi l’influence de l’architecture gothique du nord de la France.

Le portail central est illustré par la scène du Jugement dernier, sculpté sur trois registres. Les morts s’extraient de leurs tombeaux dans un prodigieux mouvement d’ensemble. Saint Michel, glaive en main, sépare les élus des damnés qui sont précipités vers la gueule monstrueuse du Léviathan. Le Christ Juge, montre ses plaies. À ses côtés, se tiennent la Vierge et saint Jean agenouillés, ainsi que les anges qui exhibent les instruments de la Passion.

Le tympan du portail de droite (vers 1250) est dédié à saint Thomas. Ce choix thématique est rare dans la sculpture gothique. Si la scène de l’incrédulité de l’Apôtre est traditionnelle, l’iconographie du registre supérieur utilise le récit rapporté par la Légende Dorée de Jacques de Voragine : l’apparition céleste d’un palais que l’apôtre doit construire pour un roi des Indes. Il est ainsi possible de découvrir un édifice en forme de tabernacle qui plane au-dessus de la scène montrant saint Thomas en train de prêcher, de baptiser et de faire l’aumône. Cette scène montre que le vrai palais est spirituel et non matériel…

La porte Saint Michel, percée sur le flanc nord de la nef vers 1180, est décorée de chapiteaux historiés qui forment une frise. Sur les hauts tailloirs, sculptés uniquement du côté gauche, sont représentés les mages qui rendent visite à Hérode et qui chevauchent vers Bethléem.

 Sur les corbeilles correspondantes, le sculpteur a imagé le Massacre des Innocents et la Fuite en Égypte. À droite, sont figurés, sans souci de la chronologie narrative, l’Annonciation, le Songe de Joseph, l’Adoration des Mages et la Visitation.

L’intérêt de ces sculptures réside dans l’art du relief et la force suggestive qui transcendent la barrière conventionnelle établie entre l’art roman et l’art gothique.

Le chevet est composé d’un simple mur droit de près de 50 mètres de haut, sans arcs-boutants. C’est une des rares cathédrales de France à présenter cette particularité.

2. L’intérieur. L’architecture de la cathédrale Saint-Pierre est typique d’une église-halle avec sa hauteur sous voûte quasi identique dans la nef et les bas-côtés : 30 m et 24 m. Il n’y a ni chapelles latérales, ni chapelle absidiale importante. La longueur de la cathédrale est de 100 m pour une largeur au transept de 50 m.

La nef se compose de trois vaisseaux qui se contrebutent mutuellement. Les grandes arcades de la nef ne se trouvant relayées par aucun triforium ni registre de fenêtres hautes, les sources d’éclairage sont reportées sur le périmètre mural, par des baies géminées.

Les parois sont doublées d’un registre continu d’arcatures qui soutiennent une étroite coursière de circulation. Cette dernière, ornée de nombreux modillons, contourne les supports par des passages coudés. Les tire-fonds sont incrustés dans le sol de cette coursière. Les barres métalliques sont reliées les unes aux autres.

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Les stalles ont été mises en place sous l’épiscopat de Jean de Melun (1235-1257). Elles comptent parmi les plus anciennes conservées en France. Ces stalles sont un bel exemple du gothique parisien et comptent parmi les plus anciennes de France. Elles étaient une centaine à l’origine et il en reste, de nos jours, 37 de chaque côté. Même réduites à 74, elles rappellent l’importance du chapitre cathédral.

Les écoinçons de l’arcature qui s’inscrit sur les hauts dossiers, s’ornent d’anges tenant deux couronnes, représentés en alternance avec une multitude de sujets variés : animaux familiers, scènes de la vie courante, figurations allégoriques des vices, un architecte et ses instruments, une Vierge à l’Enfant à la grâce un peu maniérée ».

Source Patrimoine de Poitiers. Chapelle du Saint Sacrement, dans le croisillon sud du transept. Retable qui provient du couvent des Dominicains à Poitiers et a été transporté à la cathédrale en 1792. Au centre se trouve un tableau de 1620 illustrant l’institution du Rosaire par saint Dominique au XIIIe siècle. A droite, statue de Saint-Sébastien.

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