Institut Delors. Pédagogie du Brexit

Pédagogie du Brexit, par Sébastien Maillard, Directeur de l’Institut Jacques Delors

Le Brexit est une très mauvaise nouvelle. Cet événement sans pareil est bien plus significatif que le simple fait de passer de 28 à 27 États membres. La sortie du Royaume-Uni prive l’Union européenne de la puissance dont ce grand pays est porteur. C’est un rétrécissement de population pour l’Union, qui passera le 31 janvier 2020 sous la barre du demi-milliard d’habitants (à 446 millions), ainsi qu’une perte sèche d’influence et de rayonnement. Un mauvais signal est envoyé au monde quand l’UE cherche à y peser de manière plus géopolitique. C’est enfin sinon le renoncement du moins l’éloignement pour longtemps du projet d’unir le continent auquel, n’en déplaisent aux Anglais, appartient la Grande-Bretagne. Pour paraphraser Paul Valéry, avec le Brexit, nous autres, Européens, nous savons maintenant que nous sommes mortels.

Le retrait légal et symboliquement fort du Royaume-Uni présente au moins des vertus pédagogiques. Tout regrettable qu’il soit, le fait que le Brexit ait bien lieu montre la nature originale de notre Union. Celle-ci n’est pas un nouvel empire, contrairement à ce qu’en dépeignent ses détracteurs. L’article 50 du traité européen, clause de sortie qu’on croyait destinée à rester un cas d’école théorique, s’applique effectivement. Mais la possibilité désormais bien réelle de sortir de l’Union renvoie au choix tout aussi effectif d’y rester. Depuis le référendum britannique de 2016, les Vingt-Sept auront implicitement réaffirmé le choix de rester. Un Etat n’est pas membre de l’UE par défaut mais par volonté. C’est une pédagogie de la démocratie.

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