Raids anglais sur les côtes de France

1756-1763. Guerre de Sept ans. Raids anglais sur les côtes de France (Rochefort, Saint-Malo, Cherbourg, Saint-Cast).

« La première décision que prit William Pitt à son arrivée aux affaires fut de lancer l’opération contre Rochefort. De juillet 1757 à septembre 1758, il n’eut de cesse de promouvoir les descentes sur les côtes de France. Si ces mesures avaient pour premier objectif de contenter Frédéric II de Prusse, l’allié de la Grande Bretagne, qui souhaitait des opérations de diversion, le contexte politique intérieur s’avère néanmoins déterminant pour comprendre ces opérations ».

Quiz. Quel est le raid de la Guerre de Sept ans, non mentionné dans cette chronique, qui fut un réel succès pour les anglais ? Quand et pourquoi l’occupation anglaise s’est-elle terminée ? Réponse : il s’agit de la prise et de l’occupation de Belle-Ile de 1761 à 1763.

Partie 1. Septembre 1757. Raid anglais sur Rochefort

Source. Edmond Dziembowski, La place des descentes sur les côtes françaises dans la politique de William Pitt l’Ancien (1757-1758), Annales de Bretagne et des Pays de L’Ouest, 114-4,  2007, Varia, p. 119-131.

« Pitt entendait consolider son assise au Parlement, ménager son allié politique, le Prince de Galles, et, enfin, préserver son image d’homme fidèle à ses idées. Ses raids sur les côtes de France prouvaient son attachement au principe de non-intervention dans la guerre d’Allemagne qu’il avait défendu lorsqu’il était à la tête de l’opposition patriote.

Considérées dans le cadre planétaire de la guerre de Sept Ans, les descentes anglaises sur les côtes de France apparaissent de prime abord comme des épisodes secondaires. Mobilisant des effectifs limités pour des opérations de courte durée, ces expéditions, au mieux, se soldèrent par un coup d’éclat sans lendemain (la prise de Cherbourg en août 1758), et, au pire, par de terribles humiliations (le fiasco de Rochefort en septembre 1757 et le désastre de Saint-Cast en septembre 1758). En définitive, leur histoire pourrait très bien se résumer à la plaisanterie qui courut en Angleterre après l’échec de Rochefort : pris d’un accès de vandalisme teinté de snobisme, le ministère britannique s’employait à briser des fenêtres en utilisant des guinées comme projectiles.

Loin d’être anecdotique, ce trait d’humour nous mène directement au problème que posent ces descentes aux historiens de la guerre de Sept Ans. Tandis que la situation en Amérique semblait réclamer des mesures fortes, pourquoi avoir dispersé les énergies en promouvant ces expéditions coûteuses et hasardeuses ? Pourquoi, alors que l’humiliation de Rochefort militait pour un arrêt immédiat de cette stratégie, s’être obstiné pendant une année entière en lançant trois nouveaux raids sur les côtes françaises ? Au centre de ce questionnement se tient la figure du promoteur de ces opérations, William Pitt l’Ancien, secrétaire d’État au département du sud de novembre 1756 à avril 1757, et de juin 1757 à octobre 1761. L’œuvre ministérielle de Pitt et, plus largement, son parcours d’homme politique ont fait l’objet d’un vaste débat chez les historiens anglo-saxons. À la lumière de ces travaux, il convient d’examiner la stratégie mise sur pied par Pitt en la confrontant au cadre politique et au débat public qui l’ont vue naître. Comme il sera loisible de le souligner, les positionnements partisans sur la politique étrangère ainsi que l’ambition affichée par Pitt de gouverner d’une manière ostensiblement différente de celle de ses prédécesseurs conditionnèrent dans une large mesure ces descentes qui, en leur temps, ont été décrites sous le ton de l’ironie.

Dans son étude consacrée à la conduite de la guerre de Sept Ans, R. Middleton estime que les opérations sur les côtes de France ont été « la contribution la plus distinctive de Pitt au conflit ». Revenu au pouvoir le 29 juin 1757 après une éphémère expérience ministérielle (novembre 1756-avril 1756), Pitt ne tarda pas, en effet, à apposer sa marque aux hostilités. Jusqu’à son retour aux affaires, les principaux théâtres d’opération, du côté britannique, étaient l’Amérique du Nord, cause première de la guerre de Sept Ans, et l’Inde, où s’affrontaient les troupes des compagnies française et anglaise. En Allemagne, où le conflit s’était étendu après l’offensive de la Prusse contre la Saxe (août 1756), l’Angleterre se contentait de payer une armée d’observation chargée de défendre l’Électorat de Hanovre. À ce canevas, Pitt apporta une nouveauté de taille. Il reprit à son compte une suggestion émise quelques mois plus tôt par Frédéric II. Confronté à la menace d’une intervention simultanée des troupes de la Maison d’Autriche, de la France, de la Suède et de la Russie, le roi de Prusse demandait que l’Angleterre, son alliée, soulageât sa position en lançant une opération de diversion qui obligerait Louis XV à rappeler une partie de ses troupes engagées en Allemagne. Dès la mi-juillet 1757, Pitt obtint le soutien du roi et du Cabinet pour son premier projet de descente, dont l’objectif était Rochefort. Aussitôt, Frédéric fut informé de l’imminence d’une puissante diversion  sur les côtes françaises.

Ce n’est que le 8 septembre que l’expédition commandée par Sir John Mordaunt et escortée par la flotte de l’amiral Hawke quitta Portsmouth pour gagner son objectif. Le 3 octobre, elle était de retour, l’oreille basse : la « puissante diversion » avait fait long feu. Divisés sur les chances d’un débarquement, les officiers de l’armée de terre passèrent le gros de leur temps à reconnaître le terrain et à discuter. Finalement, ils décidèrent de faire demi-tour. L’envoyé anglais à Berlin, Andrew Mitchell, rendit compte de l’effet de ce fiasco sur l’image de son pays : jusqu’alors, les Anglais étaient enviés et détestés en Europe. Maintenant, on les méprise« .

Partie 2. Juin 1758. Raid sur Saint-Malo.

Source : article de Wikipédia.

« Pendant l’hiver, alors que se préparaient les plans de campagne pour l’année 1758, Frédéric II exigea une participation militaire effective de l’Angleterre à la guerre d’Allemagne. Pitt fit la sourde oreille. Résigné, le roi de Prusse suggéra de poursuivre les opérations de diversion sur les côtes françaises. La prudence prévalait à Londres : Pitt se rallia à l’avis du Premier Lord de l’Amirauté, l’amiral Anson, qui estimait que l’expédition de Rochefort, en dégarnissant la défense des côtes britanniques, avait été un coup très risqué. Désormais, l’aire d’intervention serait limitée au secteur de la Manche. Le 19 mai, une réunion ministérielle fixa le lieu de la nouvelle descente : l’objectif était Saint-Malo. L’attaque « obligera l’ennemi à conserver une grande force » dans le secteur. Anson prit personnellement le commandement de la flotte chargée d’escorter le corps expéditionnaire commandé par Marlborough et Howe. Débarqués le 5 juin dans la baie de Cancale, les redcoats ne parvinrent pas à prendre Saint-Malo. Mais, avant de se retirer, ils détruisirent l’essentiel des navires corsaires français. L’humiliation de Rochefort était en partie lavée. »Pendant l’hiver, alors que se préparaient les plans de campagne pour l’année 1758, Frédéric II exigea une participation militaire effective de l’Angleterre à la guerre d’Allemagne. Pitt fit la sourde oreille. Résigné, le roi de Prusse suggéra de poursuivre les opérations de diversion sur les côtes françaises. La prudence prévalait à Londres : Pitt se rallia à l’avis du Premier Lord de l’Amirauté, l’amiral Anson, qui estimait que l’expédition de Rochefort, en dégarnissant la défense des côtes britanniques, avait été un coup très risqué. Désormais, l’aire d’intervention serait limitée au secteur de la Manche. Le 19 mai, une réunion ministérielle fixa le lieu de la nouvelle descente : l’objectif était Saint-Malo. L’attaque obligera l’ennemi à conserver une grande force dans le secteur. Anson prit personnellement le commandement de la flotte chargée d’escorter le corps expéditionnaire commandé par Marlborough et Howe. Débarqués le 5 juin dans la baie de Cancale, les redcoats ne parvinrent pas à prendre Saint-Malo. Mais, avant de se retirer, ils détruisirent l’essentiel des navires corsaires français. L’humiliation de Rochefort était en partie lavée.

Bien que la ville elle-même n’ait pas été attaquée, comme cela avait été prévu à l’origine, les Britanniques détruisirent un nombre important de bâtiments de commerce et de navires corsaires avant de réembarquer une semaine plus tard. La composante navale des forces britanniques est commandée par le commodore Richard Howe, alors que les forces terrestres sont conduites par le duc de Marlborough et Lord Sackville.

Au début de l’année 1758, le gouvernement britannique commence à planifier la prochaine descente sur les côtes françaises, et rassemble des troupes sur l’île de Wight. De l’expédition de Rochefort, Pitt tire un certain nombre de leçons. De nouvelles barges de débarquement sont conçues et le processus de rassemblement des troupes est amélioré, permettant ainsi d’avancer la date du départ. La cible désignée de l’expédition est Saint-Malo, un port de pêche abritant de nombreux corsaires, sur la côte bretonne – permettant à la flotte de rester dans la Manche et de pouvoir immédiatement rentrer au port en cas de tentative d’invasion française.

Le 1er juin, l’expédition met à la voile depuis l’île de Wight et elle atteint la baie de Cancale près de Saint-Malo le 5 juin. Dans la soirée, les barges de débarquement transportent les troupes britanniques à terre. Saint-Malo étant situé à l’extrémité d’une chaussée, les Britanniques espéraient s’en saisir afin de couper l’approvisionnement en eau potable de la ville. Une fois à terre, la seule opposition immédiate à laquelle les troupes britanniques doivent faire face est l’artillerie française, qui est bientôt réduite au silence par les canons embarqués à bord des vaisseaux britanniques restés au large. Les troupes débarquées se mettent alors en marche en direction de Saint-Malo, mais les commandants britanniques réalisent rapidement que la ville ne pourrait être prise sans un long siège – ce qui laisserait le temps aux Français d’envoyer des renforts qui les écraseraient. Aussi, décision est prise de se replier sur le petit port de Saint-Servan, où 30 navires et 100 autres bâtiments sont brûlés.

Des troupes sont également envoyées en reconnaissance en direction de Dol, située plus à l’est. Ces éclaireurs rapportent l’arrivée d’une importante force française et Marlborough décide qu’il est alors temps de réembarquer. Les 11 et 12 juin, les Britanniques remontent à bord des vaisseaux de l’expédition.

La flotte britannique croisera une semaine de plus au large de Saint-Malo, avant de reprendre sa route le long de la côte, à la recherche de nouvelles cibles. Des attaques sur Le Havre et Caen sont un temps envisagées avant d’être abandonnées. Les Britanniques concentrent alors leur attention sur Cherbourg en Normandie. Cependant, le mauvais temps les empêche de mener à bien les débarquements de troupes prévus pour les 29 juin et 3 juillet et, étant à court d’eau potable, Marlborough décide de reprendre le chemin de Portsmouth.

Bien que l’expédition ait échoué à prendre Saint-Malo, elle est considérée en Grande-Bretagne comme un succès. En apprenant qu’une importante flotte avait quitté l’Angleterre, l’inquiétude gagne le gouvernement à Paris, qui croit alors que cette flotte est destinée aux Flandres où elle pourrait faire la jonction avec les armées allemandes conduites par le Duc de Brunswick qui venaient de traverser le Rhin. Lorsque l’on découvre que Saint-Malo était la cible de l’expédition, paradoxalement, le sentiment général est un sentiment de soulagement. Cependant, à l’image du raid sur Rochefort, cette descente soudaine sur les côtes françaises inquiète et un nombre plus important d’hommes sont affectés à la défense des côtes.

En septembre de la même année, à la suite du succès de la descente sur Cherbourg, une deuxième force britannique, placée sous les ordres de Thomas Bligh tente un nouveau raid sur Saint-Malo. Mais, attendus par un important contingent français, ils sont contraints de réembarquer, en essuyant de lourdes pertes. Cette défaite marque la fin de la politique de raids et de descentes navales, les Britanniques préférant désormais engager davantage de forces en Allemagne plutôt que de risquer un nouvel échec.

Malgré ce dernier revers, ces raids ont atteint leurs objectifs dans la mesure où ils atteignent le moral de la population française, et montrent que le territoire de la France métropolitaine était lui aussi sous la menace des attaques britanniques. En réponse, la France planifie une invasion de la Grande-Bretagne, destinée à mettre un terme au conflit, mais ces plans doivent être abandonnés après les défaites de Lagos et de la baie de Quiberon ».

Partie 3. Août 1758. Raid sur Cherbourg.

Source : article de Wikipédia

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