Jeu d’échec à l’Ouest

Jeu d’échec à l’Ouest, par Olivier Sire, ancien président de l’université de Bretagne Sud.

Mettre en place une COMUE n’est pas un jeu d’enfant car cela suppose d’établir un système de gouvernance et, si possible, un projet, alors même que de telles structures exaltent les rivalités latentes. La COMUE Université Bretagne-Loire (UBL) n’échappe pas à ce constat. Le projet UBL est transrégional, bien que les deux régions concernées conservent leur périmètre respectif dans le nouveau découpage administratif. L’axe Rennes-Nantes est légitimement appréhendé comme fédérateur de la recherche et de l’enseignement supérieur et, à ce titre, a la lourde responsabilité de faire rayonner une dynamique sur ces deux régions.

Là où le bât blesse, ce n’est pas une surprise, c’est que le montage de l’UBL est appréhendé comme l’occasion unique d’affirmer le leadership d’une Région sur l’autre. Ce n’est un secret pour personne que le président de Rennes 1 a la ferme ambition de piloter la COMUE. En face de lui, le président de l’université de Nantes ne sera pas obligatoirement enclin à l’aider dans cette tâche et la discussion entre nos deux odontologues risque d’être animée.

En remontant d’un cran, Guy Cathelineau perdrait beaucoup de poids s’il montait sur le ring comme président de Rennes 1 et non comme président de l’Université de Rennes ; ceci explique surement pourquoi la date de fusion de Rennes 1 et Rennes 2 a été fixée au 1er janvier 2016, non-négociable. Ce « non-négociable », justement, pose problème aux administrateurs de Rennes 2 que le président, Jean-Émile Gombert, se faisait fort de convaincre. Ceux-ci, visiblement peu concernés par le combat des chefs, ne voient pas en quoi cet ultimatum du 1er janvier 2016 devrait être respecté, surtout quand on sait que les discussions statutaires marquent le pas. Peut-être se souviennent-ils aussi d’avoir appris, pour nombre d’entre eux, la décision de fusion prise par les deux présidents rennais… dans la presse régionale.

Cette fusion, vue depuis Rennes 1, ne se conçoit pas à parts égales ; c’est précisément ce sur quoi table Rennes 2, ce qui a conduit à la démission de 20 administrateurs et trois VP de cette université [Ouest France, 26 janvier 2015). Ce blocage face à une stratégie de présidents, stratégie visiblement peu partagée, témoigne de la thermocline qui s’est installée entre les personnalités en responsabilité et les personnels qui assurent au quotidien les missions qui leur incombent.

Le président de Rennes 2 a cru pouvoir emporter son conseil et l’incliner vers son point de vue. Focalisé sur les questions de gouvernance, il a sans doute sous-estimé l’indispensable et long accompagnement au changement pour faire émerger un projet commun qui dépasse le simple ranking et la promotion de tel ou tel champion. Existe-t-il encore une possibilité de revenir dans le jeu ? Guy Cathelineau fera-t-il des concessions pour s’assurer de la fusion ? On ne sait pas à quel jeu ont décidé de jouer les deux présidents. Jeu d’échec ?

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