Le Bâtisseur et le Savant

Millénaire de la Cathédrale de Strasbourg, colloque international. Suite de la chronique : La Cathédrale, l’empereur Otton III, l’évêque Werner.

Je n’ai pu – hélas – participer à l’ensemble du Colloque international. Les cinq communications du 20 mars m’ont ravi (intervenants lors de la discussion collective : album de 14 photos). Recherches menées en coopération entre plusieurs disciplines (histoire, histoire de l’art, archéologie, architecture, topographie, sciences de l’imagerie 3D…) et entre plusieurs institutions. Point besoin de lourdes structures de regroupement de type COMUE pour inventer des partenariats efficaces, au plus près des nécessités du terrain.

Démarches collectives de recherches patientes, allant jusqu’au bout de leurs possibilités car contraintes par les sources disponibles, écrites et matérielles, par le temps limité des fouilles d’archéologie préventive, par les crédits (surprise : aucune récrimination financière des intervenants durant leur présentation !).

Démarches d’invention, de remise en question par la formulation d’hypothèses plausibles. Un bonheur visible de pouvoir chercher, de pouvoir trouver, de trouver enfin… Le rêve de découvrir  un jour une pièce rare. Et une grande sérénité quand il faut avouer que, faute de sources, on ne sait pas, on ne sait pas encore !

Et enfin cette volonté des savants de discuter et partager les résultats, non seulement avec leurs pairs, mais aussi avec les hommes de l’art. J’étais assis à côté d’un sculpteur de pierre : membre de la fabrique de la Fondation de Œuvre de Notre-Dame, il travaille actuellement sur la statue de Saint Argobast (souscription : devenez bâtisseur de la cathédrale). Et le plus du plus, le bonheur des savants et des hommes de l’art d’exposer, de montrer leurs découvertes (ce soir sur Arte, Le défi des bâtisseurs).

1. Jean-Jacques Schwien (Archéologie et Histoire ancienne : Méditerranée – Europe, ArcHiMèdE), Strasbourg en l’an mil et son contexte urbain (album de 16 photos) : quels vestiges matériels entre 1000 et 1200 ? Quel paysage urbain ? L’enceinte, les lieux de culte, les cours d’eau, l’habitat, les poubelles, la cathédrale (un lac souterrain ?)… Projet : Archéologie de la ville médiévale, le cas de Strasbourg. Les fouilles préventives que j’ai pu réaliser anciennement nécessitent des compléments, en particulier documentaires, telle l’exploitation des archives (règlements de construction) et de la documentation iconographique (plan-vue de Morant en 1548). Ces travaux se font dans le cadre de la préparation de mon HDR – dont l’un des deux dossiers de publication porte sur le bilan des fouilles.

2. Heidi Cicutta et Gertrud Kuhnle (INRAP), Maxime Werlé (PAIR), Strasbourg au temps de Werner : nouvelles données archéologique sur la ville et sa cathédrale au XIème siècle : album de 20 photos. « Outre les berges (processus lent et continu de progradation de la rivière) et un atelier de tissage (rue Brûlée), les principaux vestiges du 11ème siècle ont été mis au jour à proximité d’édifices religieux ».

Place du Château : four à chaux d’un diamètre estimé à 5 mètres et fragments de vitraux, à mettre en relation avec la construction de la cathédrale de Werner. Article : Des légionnaires romains aux bâtisseurs de la cathédrale : la fouille de la place du Château à Strasbourg.Une vidéo très éclairante (7 minutes 31) : De la cathédrale au camp romain, une fouille au cœur de Strasbourg. Place Saint-Thomas : ensemble funéraire de 58 tombes et 3 fours à chaux autour des deux édifices ecclésiaux, antérieurs à l’église actuelle (consécration de ce nouvel édifice en 1031 par l’évêque Wilhelm ?). Maxime Werlé : article en ligne, L’architecture civile de Strasbourg au Moyen Âge (XIIe-XVIe siècle) à la lumière de dix ans d’archéologie du bâti.

3. Gertrud Kuhnle (INRAP), Tania Landes (INSA Strasbourg), Sabine Bengel (FOND), Stéphane Potier (Inventive Studio), La cathédrale de Werner dans son contexte archéologique : réexamen du sous-sol de la chapelle Saint-Laurent. Quatre structures aux compétences différenciées, mobilisées pour coopérer plus efficacement : bravo ! Une découverte d’importance : une piscine baptismale d’un lieu de culte paléochrétien. Et une impressionnante vidéo (modélisation en 3D), la caméra traversant le sol  et la plafond de la chapelle : vivement qu’elle soit consultable en ligne !

Sabine Bengel, focus sur la responsable du fonds documentaire de la Fondation de l’œuvre de Notre-Dame.

Tania Landes (INSA), les moyens d’une vidéo 3D : Semi-automatic Segmentation and Modelling from Point Clouds towards Historical Building Information Modelling (2014).

Stéphane Potier, architecte, et Jean-Luc Weimar, designer, fondateurs d’INVENTIVE, studio d’images de synthèse.

Note. Pas d’album photos  pour la communication 3 : la batterie de l’appareil a rendu l’âme !