Thierry Mandon, guignol de l’info

L’émission Les Guignols de l’Info doit être maintenue. Une recrue de choix – une nouvelle marionnette, « Contre-sens absolu » – se profile à l’horizon. Qui est-ce ? C’est Thierry Mandon, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche.

Thierry Mandon était auditionné hier, 1 juillet 2015, par la Mission d’information sur les liens entre le lycée et l’enseignement supérieur. Ses propos ont été publiés par News Tank Education, et non par la Mission ; pas de trace non plus sur le site du Secrétariat d’État. En italique, les propos rapportés par News Tank ; en caractère normal, ce que la marionnette pourrait ajouter dans les Guignols.

Trois questions auxquelles devra répondre la rapport de la mission : assurer la meilleure préparation en amont des futurs étudiants, assurer l’accueil quantitatif et la réussite qualitative des étudiants en premier cycle et tisser ou re-tisser des liens entre institutions du scolaire et du supérieur. Traduction dans le langage de la marionnette Contre-sens absolu : j’ai appris l’existence de cette mission Théodule par un post-it laissé par Fioraso sur le tableau des menus de la Grande cuisine du Ministère (Frais de bouche des monarques).

Notre université doit rester non-sélective et accueillir tous les bacheliers Contre-sens absolu poursuit dans sa tête : les directeurs d’IUT, composantes de l’université, vont me maudire quand je vais leur dire que c’est fini la sélection à l’entrée du DUT ; d’ailleurs, je leur collerai 50% de bacheliers professionnels. Accueillir tous les bacheliers, tant pis si une partie d’entre eux veut entrer tout de suite sur le marché du travail.

Imaginer comme le font encore certains que l’on pourrait sélectionner à l’entrée des universités me parait être un contre-sens absolu dans la France d’aujourd’hui. Contre-sens absolu : je comprends à peu près ce que veut dire dire « contre-sens » ; mais pourquoi ma directrice de la DGESIP a insisté pour que je dise que c’est un contre-sens absolu. Pourquoi « absolu » ? absolu comme l’ablatif ?

Cela ne veut pas dire pour autant qu’à mes yeux les universités ne devraient pas développer en leur sein des formes d’excellence capables de rivaliser avec des formations sélectives en France ou à l’étranger. Contre-sens absolu : effectivement, ce n’est peut-être pas si « absolu que cela ». J’autoriserai la sélection dans les filières d’excellence universitaires  : c’est une évidence absolue ! Sélection Contre-sens absolu ne signifie pas Sélection Sens-interdit absolu.

Le renforcement des liens entre le lycée et l’enseignement supérieur ne peut être atteint que si les établissements d’enseignement supérieur ne se contentent pas d’ouvrir plus largement leurs portes mais se fixent également l’objectif de la réussite de tous comme une obligation institutionnelle. Contre-sens absolu : je suis le 25ème ministre ou secrétaire d’État qui se fixe comme objectif la réussite de tous. Mais pour me distinguer de mes prédécesseurs, j’en fais une obligation institutionnelle. Je ferai donc publier un arrêté à la rentrée : les universités ont l’obligation d’assurer la réussite de tous : en conséquence, la délivrance du diplôme aura lieu lors de l’inscription ; contrôles continus, examens partiels ou terminaux, session de rattrapage sont supprimés. Sens-Unique absolu : 80% de bacheliers dans une génération, 80% des jeunes en poursuites d’études post-bac, 80% de diplômés du supérieur parmi les jeunes français. Je veux placer la France en tête des classements !

Ces liens entre le lycée et l’enseignement supérieur se sont considérablement affaiblis depuis plusieurs décennies, paradoxalement au moment où explosait le nombre de bacheliers. La première raison de cette distanciation est la croissance du nombre de bacheliers, essentiellement due à l’émergence rapide du bac professionnel, et l’évolution des carrières des personnels, l’entrée des enseignants dans le supérieur s’effectuant aujourd’hui, principalement après la thèse sans passage par l’expérience de l’enseignement scolaire. Contre-sens absolu : j’ai l’impression que je viens de dire une connerie ; pourquoi mon DirCab ne m’a-il pas expliqué le mode de recrutement des enseignants du supérieur ? Mais après tout, est-ce une connerie ? Je vais faire une réforme, créer des profs trois-moins-plus. Sens-giratoire absolu !

Ce lien lycée/enseignement supérieur sera d’autant mieux consolidé et donnera une réalité au parcours bac-3/bac+3 qu’il sera incarné par des personnels sinon dédiés, du moins capables d’en constituer la colonne vertébrale. Contre-sens absolu. Chiche pour un nouveau corps professionnel, les profs trois-moins-plus. Les professeurs des lycées seront incités à suivre en 1ère leurs élèves de 2nde : chaque année, ils monteront ainsi d’un niveau, accompagnant leurs élèves jusqu’au bac, puis sur les bancs du premier cycle universitaire. Puis ces nouveaux enseignants redescendront en 2nde, pour prendre en charge une nouvelle cohorte. Cinq ou six fois au cours de leur vie, les trois-moins-plus auront l’occasion de prendre l’ascenseur social, et toujours dans le sens de la montée.

Conseil de lecture pour Thierry Mandon. Ma chronique d’avril 2010 : Le corps professoral des Instituts d’Enseignement Supérieur, dédiés au 1er cycle.

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