Du rififi dans Paris-Saclay

Du rififi dans l’université Paris-Saclay. La COMUE, créée par le décret n°2014-1674 du 29 décembre 2014, va-t-elle exploser en plein vol avant la fin de l’année ? Les 18 membres de la COMUE vont-ils être capables de trouver un accord leur permettant de déposer ensemble, auprès du jury international, le projet pour la consolidation de l’IDEX et la perpétuation de ses financements. Quelques milliards d’euros sont en jeu.

C’est l’École polytechnique, avec l’accord des tutelles, qui a mis le feu aux poudres : créer un pôle d’excellence, constitué de plusieurs grandes écoles de la COMUE. La réalisation de ce projet changerait complètement les rapports de forces au sein de la COMUE (la gouvernance de celle-ci est regardée de près par les experts du jury international). Elle affaiblirait les organismes de recherche et les deux universités membres (Paris Sud et Versailles Saint-Quentin – l’université d’Évry n’étant qu’associée à la COMUE). Elle accentuerait la spécificité française (un système de Grandes Écoles) et donc son illisibilité au niveau international.

Ce projet pas admissible pour l’université de Paris Sud. Des personnalités scientifiques de cette université, reconnues au plan mondial, le font savoir par une lettre ouverte. à Manuel Valls et à Thierry Mandon

Extraits de la lettre. La communauté scientifique et universitaire du plateau de Saclay ne ménage pas ses efforts depuis de nombreuses années pour promouvoir la création d’une grande Université de recherche et d’innovation qui, en associant universités, grandes écoles et organismes de recherche, donnera à la France une visibilité internationale de tout premier plan. Rapprocher sur un même site Universités et Grandes Écoles nous semble être un projet ambitieux. Cela favorisera de nouvelles synergies scientifiques et technologiques, sera susceptible de promouvoir l’interdisciplinarité et sera capable de rapprocher recherche publique et recherche privée pour favoriser les transferts technologiques et les créations d’entreprises et d’emplois dont notre pays a tant besoin.

Formations supérieures et laboratoires de recherche fondamentale ou appliquée vivent aujourd’hui dans un environnement mondial de grande compétition. Dans ce contexte, il est certain que la création d‘une Université Paris-Saclay intégrant toutes les richesses des formations et laboratoires du site peut contribuer fortement à améliorer l’attractivité scientifique et pédagogique de notre pays pour les étudiants et chercheurs étrangers. Nous pensons que la construction de cette université nécessite une intégration de ses différents membres pour aboutir notamment à la signature des publications scientifiques sous la marque de l’Université Paris-Saclay, de sorte que les diplômes portant cette marque disposent du prestige à même de promouvoir nos étudiants dans la société, au plan national comme à l’international.

Le chemin de la création d’une grande Université intégrée avait été pris avec notamment la mutualisation des formations de Masters et de Doctorats et l’intégration des chercheurs issus des Universités et Grandes Écoles au sein d’une douzaine de laboratoires d’Excellence (LabEX) soutenus récemment par le Programme Investissement d’Avenir.

Aujourd’hui, cet élan enthousiaste est remis en question suite au rapport Attali et à la proposition faite par deux ministres de créer un pôle d’excellence à partir de Grandes Écoles seulement, en limitant ainsi l’objectif initial d’intégrer pleinement ces Écoles à l’ensemble des Universités, Organismes et laboratoires prestigieux du site. Ce rapport nous semble avoir été écrit sans prendre en compte cette ambition, la réalité du terrain et les efforts déjà réalisés par les chercheurs et enseignants-chercheurs du plateau de Saclay. Il aboutit à faire de l’Université Paris-Saclay un assemblage hétéroclite d’institutions au sein duquel chacun gardera son autonomie sans gouvernance forte et sans visibilité internationale.

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