L’avenir des fusions, COMUE…

L’avenir des regroupements universitaires, Blog de Jean-François Méla, 5 février 2017, extraits de la chronique.

« Une des dispositions les plus neuves de la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche de 2013 prévoyait explicitement des regroupements d’établissements qui pouvaient prendre plusieurs formes : fusion, fédération, association.

Les fusions ont concerné la recomposition, dans certaines métropoles provinciales, d’universités qui avaient été découpées en 68 pour des raisons plus politiques que scientifiques. C’est le cas, par exemple, à Strasbourg, à Grenoble, à Clermont-Ferrand. C’est aussi le cas, de façon plus complexe, à Bordeaux et à Aix-Marseille. Il reste à voir si ces universités fusionnées fonctionneront comme une seule université…

En guise de conclusion

La période récente a marqué un début de révolution dans les idées que nous avions sur l’organisation des universités et des grandes écoles. Cela ne s’est pas encore traduit par des évolutions significatives à cause de la rigidité sociale et étatique de notre système et de son financement. Il faut y introduire davantage de souplesse.

Il y a trop souvent la volonté de tout résoudre centralement, et sans bousculer les vrais tabous français, notamment la sélection et la quasi-gratuité. On ne peut pas avoir, d’un côté des écoles super-sélectives et de l’autre une université où la sélection en master suffit à déclencher la guerre. D’autre part le secteur de l’éducation supérieure est de plus en plus cher, et trop cher pour les finances publiques, ce qui pose de graves interrogations sur « qui va payer »…

De grandes questions vont se poser dans les années qui viennent, auxquelles on ne pourra pas répondre de façon « jacobine ». Les regroupements ne se feront pas dans un sens unificateur. On ira, au contraire, vers une différenciation accrue. De ce point de vue la notion de Comue est encore trop homogène. Et on ne peut pas espérer donner une solution homogène à des problèmes complexes.

S’agissant de la gouvernance, on ne devrait pas donner le pouvoir aux seuls universitaires, mais à des conseils d’administration majoritairement composés de membres externes à la communauté universitaire : c’est un sujet que j’avais déjà abordé, mais qui apparaît pour l’instant un peu trop « révolutionnaire » dans notre monde universitaire français assez figé.

Reste la question de l’égalité qui est un principe républicain qu’on ne doit pas évacuer. Contrairement aux grandes affirmations, cet idéal d’égalité est bafoué dans le système centralisé actuel. Mais on ne peut pas s’en tirer par une différentiation tous azimuts. C’est un sujet que nous ne manquerons pas d’aborder ultérieurement ».

Pour aller plus loin. Depuis 2009, 291 chroniques du blog Histoires d’universités sur les regroupements d’établissements (fusions, COMUEs, associations)

1 commentaire

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Une réponse à “L’avenir des fusions, COMUE…

  1. gasche

    > On ne peut pas avoir, d’un côté des écoles super-sélectives
    > et de l’autre une université où la sélection en master
    > suffit à déclencher la guerre.

    Je ne suis pas du tout convaincu par ce discours sur la « sélectivité ». Il y a déjà des sous-filières sélectives à l’université (les cursus mixtes en licence par exemple). La « super-sélectivité » des écoles n’est pas elle non plus aussi évidente qu’il n’y paraît : d’après http://www.chireux.fr/cpge_daudet/liste_ecoles.htm , il y avait 6637 élèves inscrits en MP en 2016, pour plus de 5000 places offertes au concours (j’ai fait la somme des places listées pour chaque groupement d’école).

    J’ai beaucoup apprécié la lecture du livre « L’université n’est pas en crise » de Romuald Bodin et Sophie Orange ( http://croquant.atheles.org/savoiragir/luniversitenestpasencrise/ ), qui démontre qu’une grande partie des idées reçues sur l’université ne résistent pas à une étude rigoureuse des trajets des élèves. Par exemple, il démontre qu’il y a des filières sélectives qui sont plus demandées et valorisées que l’université, mais aussi des filières sélectives, comme les STS, qui sont moins demandées et moins valorisées que l’université ! Une bonne façon de démontrer que le lien entre sélectivité et niveau n’est pas si évident qu’on ne pourrait le penser.