Le coût de Sciences Po à Reims

Suite de mes chroniques de 2009 sur l’installation de Sciences Po à Reims : Sciences Po in Reims. Schocking !

Communication de Sciences Po : le Collège universitaire. « Créé en 2010, le campus de Reims propose deux premiers cycles fondés sur les sciences humaines et sociales, l’un portant sur les relations transatlantiques et l’autre tourné vers l’Afrique. Accessible à partir du Baccalauréat (ou son équivalent à l’étranger), le Collège universitaire de Sciences Po est une formation de premier cycle qui se déroule en trois ans, sur l’un des sept campus de l’établissement. Elle permet d’obtenir un diplôme de bachelor (Bac +3).

Une institution accessible à tous, avec des droits de scolarité adaptés aux ressources de chacun, allant de 0 à 10.040 € au Collège universitaire, et un système de bourses innovant, varié et très avantageux pour ceux qui en ont le plus besoin ».

Cour Régionale des Comptes. Rapport d’observations définitives. Commune de Reims. signalement par Michel Abhervé, blogueur Alternatives Économiques.

Le campus de Sciences Po. La ville de Reims, le département de la Marne, la région Champagne-Ardenne et la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) ont signé en 2009 une convention visant à implanter à Reims un campus universitaire dédié aux relations transatlantiques. Les trois collectivités s’y engageaient à financer l’investissement à hauteur de 76 Millions € répartis en parts égales entre elles et à participer à celui du fonctionnement du campus selon un forfait s’élevant au fur et à mesure de l’arrivée des étudiants pour  atteindre, in fine, 5,4 Millions € par an également répartis entre elles. La ville s’est portée maître d’ouvrage de l’opération et se fait rembourser par le département et la région leurs parts respectives dans le cadre d’une convention tripartite.

Un avenant signé le 23 décembre 2014 a permis d’une part de lier le montant de la subvention de fonctionnement à l’effectif réel et de limiter son montant maximum à un total de 1,8 M€ par an. Cependant, la ville assume le portage de l’ensemble des coûts d’investissement, les remboursements de la région et du département étant étalés au-delà de la fin des travaux. De plus, la subvention de fonctionnement n’est pas corrélée aux dépenses effectives.

Les coûts indirects du projet. La création du campus universitaire de Sciences Po a nécessité la relocalisation des activités culturelles hébergées sur le site de l’ancien collège des jésuites, dont le planétarium et son administration sur le site Franchet d’Esperey, l’espace d’expositions, les ateliers de la culture et la salle de spectacles Jean-Pierre-Miquel, sur le site des anciens locaux Jacquart. Selon les chiffres indiqués par l’ordonnateur , le montant des travaux induits par ces déménagements s’élève à 10,5 Millions €, soit 8 Millions € (7 994 177 €) net des recettes perçues, notamment le FCTVA.

Au final, le coût d’investissement net pour la ville est de près de 30 M€ (7 994 177 € ajoutés aux 21 811 458 € d’investissement issus des conventions).

L’état d’avancement du projet à la mi-2015. Initialement, les travaux devaient être livrés en 2015. Du fait notamment de fouilles archéologiques, le chantier a pris du retard et la livraison a été repoussée à juin 2017. A terme, la surface hors œuvre nette (SHON) sera de 12 717 m², d’où un coût de construction au m² de 4 750 € HT.

La chambre relève que les investissements ont été prévus pour 1800 étudiants à terme (cf. annexe n°2 de la convention du 27 novembre 2009) alors que, malgré le programme complémentaire «Europe-Afrique», moins de la moitié (815) sont présents sur le site en 2015. En juillet 2015, la ville avait engagé 50 633 468 € (dont 49 047 252€ mandatés), hors participations du département et de la région, et versé la somme de 2 635 260€ à la FNSP au titre de sa participation au fonctionnement.

1 commentaire

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Une réponse à “Le coût de Sciences Po à Reims

  1. Levron

    Cet article appelle quelques observations:
    -Le projet a été plus difficile et coûteux que prévu à réaliser;
    -les effectifs d’étudiants ne sont pas au rendez-vous, et cela six ans après le lancement de ce projet! Il est vrai que ce collège universitaire a face à lui d’autres collaborations inter-universitaires internationales…
    -et, plus grave, la question juridique de la légalité de ce type de structure n’a pas été résolue. Je viens de lire l’article de 2012 sur ces collèges, et je me suis rendu compte qu’aucun ministre n’a agi. Voici quand même quelque chose de curieux: une fondation mi-publique/mi-privée normalement destinée à des étudiants ayant obtenu un premier cycle, puis ayant réussi les concours des prépas et d’admission aux IEP veut attirer des bacheliers! Son statut devrait lui interdire de concurrencer les premiers cycles universitaires…
    -Une question m’inquiète davantage: les méthodes de travail et la pédagogie qui sont pratiquées dans ces collèges. Je ne sais, faute d’avoir lu tous les articles consacrés à ce sujet, si la question a été traitée, mais: y prépare-on des étudiants à poursuivre leurs études à « Science-Po » et uniquement à « Sciences-Po », ou les prépare-on à se rediriger, en cas d’échec, vers les universités? La question est d’autant plus importante que leur public doit être très jeune (entre dix-sept et vingt ans, sans doute), et pas forcément toujours préparé à ce qui doit ressembler à une « sélection d’avant la sélection » (on s’assure d’un vivier de concourants sûrs de réussir). Dois-je vous dire que je ne suis pas confiant sur ce point, que je ne recommanderais pas cette filière aux plus jeunes de mes proches et que je m’attends que les « naufragés » se replient en Licence? (c’est ce qui se produit avec les « prépas » littéraires).