Maguelone, cathédrale fortifiée

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Maguelone des XIIe et XIIIe siècles, située sur la commune de Villeneuve-lès-Maguelone (34).

Les citations relatant l’histoire et présentant l’édifice cathédral sont issues de la rubrique de Wikipédia. Cette rubrique est d’ailleurs largement inspirée du guide du visiteur, Maguelone, ancienne cathédrale Saint-Pierre, édité en 1988 par Robert Saint-Jean, maitre de conférences en Histoire de l’art médiéval à l’université de Montpellier, décédé en 1992.

Album de 45 photos (3 août 2017). La page de couverture, ainsi que la 4ème ce couverture, empruntent deux photos au guide de Robert Saint-Jean.

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L’histoire. « Le renouveau du XIe siècle. À partir de 1030, Arnaud, évêque de Maguelone de 1029 à 1060, décide de faire reconstruire la cathédrale. Il la dote d’un chapitre de douze chanoines réguliers, qui suivent la règle de saint Augustin. De cet édifice, il ne subsiste aujourd’hui que la chapelle Saint-Augustin, accolée au sud de l’édifice.

Afin d’améliorer l’accès à la ville, que l’on ne pouvait rejoindre que par bateau, il fait construire un pont, long de près d’un kilomètre, entre l’île et Villeneuve-les-Maguelone. Il fait aussi réaliser des fortifications pour protéger le site des attaques des musulmans. L’évêché devient un grand centre de rayonnement intellectuel, grâce à des écoles universitaires…

Les successeurs de l’évêque Arnaud, soumis à la suzeraineté des comtes de Melgueil qui finiront par léguer leurs droits sur l’évêché au pape Grégoire VII en 1085. Devenue propriété du Saint-Siège et terre d’asile, Maguelone est alors en plein essor. Urbain II visite l’île en 1096, et la proclame « la seconde après celle de Rome ».

Le XIIe siècle et le XIIIe siècle : apogée de l’évêché. Parfois, en raison de factions en Italie, certains pontifes trouvent refuge à Maguelone. Ainsi le pape Gélase II y fut accueilli en 1118. C’est aussi Alexandre III qui consacre en 1163 le maître-autel dont le chevet vient d’être construit.

Le prestige et la richesse de l’évêché conduisent à construire une nouvelle cathédrale, remplaçant celle qui datait de l’épiscopat d’Arnaud. Trois évêques vont conduire cette entreprise considérable : l’évêque Galtier (1104-1129) construit le chevet et ses absides, ainsi que le large transept fortifié ; l’évêque Raymond (1129-1158) poursuit cette œuvre avec l’autel majeur, la chaire épiscopale et les deux tours en bas du transept ; enfin, Jean de Montlaur (1161-1190) bâtit la nef romane, appelant à la participation des fidèles.

Au début du XIIIe siècle, deux autres tours sont bâties pour assurer la défense de la façade occidentale : la tour Saint-Jean et la tour de l’Évêque, aujourd’hui en partie ruinée. L’évêché est alors solidement protégé. Pendant la croisade des Albigeois, Maguelone reste un bastion de la papauté : le comté de Melgueil, propriété du comte de Toulouse Raymond VI, est inféodé à Maguelone par Innocent III.

L’édifice. La cathédrale a été construite au XIIe siècle comme une véritable forteresse. Ainsi, les murs dépassent couramment les deux mètres d’épaisseur.

Le portail constitue la façade occidentale. Il était flanqué de deux tours imposantes qui laissaient un étroit passage à son accès : la tour Saint-Jean, actuellement détruite, et la tour de l’Évêque, dont il ne reste que des lambeaux de façades ruinées.

Les piédroits abritent deux très beaux bas-reliefs de marbre blanc représentant saint Pierre et saint Paul. Saint Pierre, assis, tient les clefs dans une main et le livre des Évangiles de l’autre. Saint Paul, un genou fléchi, brandit une épée dans la main droite et les Épîtres dans l’autre. Les tuniques et les manteaux à l’antique des deux personnages sont très soigneusement dessinés. Les deux dalles datent du XIIe siècle, et faisaient sans doute partie initialement d’un grand tympan de plein-cintre.

Le linteau est très long comparativement au portail, et d’un art plus évolué. Il est sculpté d’un superbe rinceau d’acanthe au dessin raffiné.

Le tympan est entouré d’une archivolte brisée de marbre polychrome. C’est l’élément le plus récent du portail. Le Christ est représenté en majesté, sur un trône cannelé, bénissant de la main droite, et tenant le Livre de Vie. Il est vêtu d’un drap au dessin complexe, et s’inscrit dans une gloire polylobée. Il est entouré des quatre  » vivants » de l’Apocalypse, figurant les quatre Évangélistes : l ‘homme (l’ange), l’aigle, le lion et le bœuf. Ces vivants tiennent de longs phylactères représentant les évangiles. La composition est dense, dans un style antiquisant.

La nef est d’abord constituée dans ses deux premières travées d’une voûte basse en plein-cintre, qui est surmontée par la tribune des chanoines.

Au-delà des deux premières travées s’élève une haute voûte sobre caractéristique des constructions romanes, de 10 mètres de large pour près de 20 mètres de hauteur, avec des murs de 2 à 2,5 mètres d’épaisseur. La sobriété extrême du lieu est compensée par une grande qualité de maçonnerie. Une immense voûte en berceau légèrement brisée recouvre la nef. Elle est renforcée à chaque demi-colonne par des arcs doubleaux à triple rouleau.

La nef est très sombre ; seule la tribune est pourvue de trois fenêtres au sud et de deux baies superposées à l’ouest. Son sol est tapissé de tombes, pour la plupart anonymes. Quatre gisants d’évêques en marbre blanc sont remarquables.

La tribune fut construite à la fin du XIIe siècle par les chanoines, sans doute pouvoir réciter l’office en étant isolés, ou à cause de l’humidité de l’église basse. Un escalier droit monumental y donne accès, pris dans l’épaisseur du mur nord de la troisième travée de la nef. Il donnait également accès au cloître supérieur, aujourd’hui détruit. La tribune forme comme une église haute, où les chanoines ont dédié un autel à saint Nicolas ».

Sur le mur gauche de la tribune, est exposée une tapisserie de 1961 de Philippe Pradalié, représentant L’adoration des mages (photos).

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