Denise Naville, 30 ans en 1926

Denise Naville (1896-1969). Album de 28 photos, prises au Musée d’Art Moderne et Contemporain, dans le cadre de l’ensemble exceptionnel d’expositions, Laboratoire d’Europe, Strasbourg 1880-1930.

« Figure dominée comme épouse, traductrice militante ou encore brillante égérie, c’est le lot alors des femmes en Alsace comme ailleurs. Comme le souligne Isabelle Kalinowsky dans un ouvrage consacré à Pierre Naville, Denise incarne de façon exemplaire la contradiction entre la possession d’un fort capital savant, propriété encore improbable pour une femme, et l’occupation d’une position socialement très dominée, assortie d’une image confuse mais persistante d’une femme légère dont la stabilité de son statut d’épouse ne suffit pas à l’affranchir » (Jean-Claude Richez, cf. bibliographie et sources des citations en fin de chronique).

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En langage contemporain, une offre d’emploi correspondant à cette description pourrait être : Recherche Secrétaire de direction (H/F) ou ingénieur d’études, bac+5, bilingue (traduction d’allemand en français de textes politiques ou philosophiques).

28 juin 1896. « Naissance à Sarreguemines en Moselle, annexée, comme l’Alsace, par l’empire allemand après la défaire française en 1870. Denise (son nom de jeune fille n’est pas cité dans la bibliographie consultée) est parfaitement bilingue.

1914-1918 (18-22 ans). Étudiante à Strasbourg pendant la première guerre mondiale. Elle suit les cours de George Simmel, philosophe et sociologue Berlinois ».

1919-1929 (23-33 ans). Lettres de Simone Breton, née Kahn et femme d’André Breton, à sa cousine Denise, épouse de Georges Levy, puis de Pierre Naville (cf. note finale).

Compte rendu de l’ouvrage Lettres de Simone Breton à Denise Naville

1921 (25 ans). « Denise se marie avec Georges Levy, un médecin, et déménage à Strasbourg (Simone Breton habite à Paris).

1922 (26 ans). Premières traductions d’allemand en français pour la revue Littérature.

1923-1925 (27-29 ans). Denise Levy charme tout autant Louis Aragon que Maxime Alexandre. Tous deux en seront follement amoureux. Aragon multiplie les séjours à Strasbourg.

1925 (29 ans). Traduction pour la Révolution surréaliste. Publication d’une contine peuplée d’un bestiaire fantastique, légère et colorée en apparence mais, mais parcourue d’accents funèbres.

Les lettres de Simone sont, au fur et à mesure que l’atelier des Breton devient le point de rencontre de tous les surréalistes, de plus en plus denses de portraits des personnages qui se réunissent chez le couple tous les soirs. Breton est depuis le début le modérateur et le point de repère de tous les autres.

Une place privilégiée est réservée à Max Morise, qui sera l’ami fidèle de Simone tout au long des années 20 et aussi, en partie, la cause de son divorce avec André Breton. Marcel Noll et Pierre Naville sont aussi au centre des préoccupations des deux femmes, à cause de leur rapport très proche avec Denise ».

1926 (30 ans)

1927-1928 (31-32 ans). « Denise divorce de Georges Levy et se marie avec Pierre Naville (1904-1993) (cf. la notice biographique en note finale). Elle décide de déménager à Paris.

  • En 1922, Pierre Naville fonde avec Philippe Soupault, Francis Gérard (pseudonyme de Gérard Rosenthal), Max Jacob, Louis Aragon, Blaise Cendrars et Mathias Lübeck la revue d’avant-garde l’Œuf dur qui publie ses premiers poèmes. Il rencontre André Breton en 1923, puis de nouveau à Lorient (Morbihan) en juillet 1924. Il pratique l’écriture automatique, et grâce à son père, les éditions Gallimard publient le récit poétique Les Reines de la main gauche Il rencontre alors Denise Lévy (née Kahn), la muse d’Aragon, qu’il finit par épouser. Aucune autre mention de Denise Laville dans cette chronquede Wikipédia.
  • Avec Pierre Naville, Denise prend à la fin des années 20 ses distances avec les surréalistes et s’engage dans l‘opposition de gauche trotskyste. Elle participe aux éditions et bulletins de l’opposition de gauche et au Parti ouvrier international et assure la gérance du Bulletin de l’opposition russe en France.
  • Dès 1928, elle avait traduit la brochure de Trotski Vers le capitalisme ou vers le socialisme ?, puis La Dialectique de la nature d’Engels et L’économie politique du rentier de Boukharine.
  • Elle séjourne à plusieurs reprises auprès de Trotski à Prinkipo (île dans la mer de Marmara et l’accompagne lors de son voyage à Copenhague en novembre 1932″.

1928 (32 ans). Aragon, Le fou d’Irène (cf. bibliographie en fin de chronique)

  • « Avant de devenir le chantre officiel d’Elsa et du Parti communiste, Louis Aragon avait commis un chef-d’œuvre de la littérature érotique : Le Con d’Irène. Un secret qu’il garda jusqu’à sa mort.
  • Jusqu’à son dernier souffle, il a nié… Le texte est publié anonymement sous le manteau en 1928.
  • Dans les années 1920. Louis Aragon, jeune poète surréaliste sans le sou, se lie avec Jacques Doucet, élégant couturier de la Belle Époque et mécène amoureux des lettres. Les deux hommes signent un étrange pacte : moyennant une mensualité de 1 000 francs, le poète enverra chaque mois au couturier ses manuscrits. Et c’est ainsi que, pendant l’année 1926, Aragon lui fait parvenir plusieurs morceaux d’un projet ambitieux, La Défense de l’infini. Une partie de ce roman, plus leste, s’appelle… « Le Con d’Irène ».
  • Mais qui est donc cette mystérieuse Irène ? il faut plonger dans les amours malheureuses d’Aragon. Il y a tout d’abord Eyre de Lanux, une dessinatrice d’origine américaine qui lui préférera Drieu la Rochelle. Le poète, désespéré, se console avec Denise Levy, qui, ironie du sort, épouse un autre de ses amis, Pierre Naville ».

Note. Bibliographie mobilisée pour les citations de cette chronique.

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Classé dans AH. Histoire 19-20èmes siècles, BA. Photos, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), D. Allemagne, E. Sciences humaines et sociales

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