Comment tuer la LRU3 ?

Archives du blog, chronique du 16 novembre 2011 : Acte de décès de la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (2007). Novembre 2011 : deux avertissements sévères n’ont pas réussi à tué la LRU (rapport de l’Association Européenne des Universités et crise financière à l’université de Limoges). Juillet 2013 : la loi sur l’enseignement supérieur et la recherche (dite LRU2) fait encore régresser l’autonomie des universités : le vilain petit canard LRU était toujours debout et Jacques Fontanille, ex-président de l’université de Limoges, taclé en 2011, devint même directeur de cabinet de Geneviève Fioraso.

Avril 2014, le vilain petit canard, LRU2 fils de LRU, court toujours et décide de pondre des LRU3, des Communautés d’universités et d’établissements (COMUE), gigantesques n’importe nawak qui ne respectent même pas leur père LRU2 : La loi ESR violée sans vergogne. Il reste un mois pour « tuer dans l’œuf » ces LRU3 ! C’est mal parti : Mobilisations en ordre dispersé !

Texte intégral de la chronique de novembre 2011. 4 ans et 3 mois après la publication de la loi Libertés et Responsabilités des Universités. Novembre 2011 est une date dont les universités publiques se souviendront. Le mois de la mort de la LRU. Son acte de décès a été signé au niveau international par l’Association Européenne des Universités (EUA), au niveau local par Jacques Fontanille, président de l’université de Limoges, ancien vice-président de la CPU, élève modèle du passage aux responsabilités et compétences élargies (RCE dès 2009).

Novembre 2011, l’EUA publie les résultats d’une étude comparative sur l’autonomie des universités dans 26 pays européens (le rapport de l’EUA et dossier de Mathieu Oui sur EducPros). La France est « à la traîne ». Elle se classe 16ème sur 26 en matière d’autonomie d’organisation, 22ème en matière d’autonomie financière, 25ème en matière d’autonomie de gestion des ressources humaines, 26ème et bonne dernière en terme d’autonomie pédagogique.

Et dire que, pendant plus de 4 ans, la communication de Valérie Pécresse et de Laurent Wauquiez a fait croire que les universités françaises étaient devenues autonomes comme jamais elles n’avaient été dans leur histoire. Il s’est donc agi d’une communication politique objectivement mensongère. La LRU, me disait un président d’université en avril 2009, ce sont les responsabilités sans les libertés. La LRU a piteusement échoué à rendre les universités autonomes. Elle est morte, mais elle entraîne dans sa tombe les universités publiques. A moins que la LRU ne visait cette mort !

Novembre 2011, Jacques Fontanille, dans un long communiqué (lire le dossier de Fabienne Guimont sur EducPros), signe aussi l’acte de décès de la LRU. Partisan des RCE dès 2009, le président explique comment et pourquoi il a dû mettre son université en hibernation progressive. Malgré les efforts importants pour rogner, sabrer, annuler des dépenses depuis 2009, le président jette l’éponge et met son université sous tutelle du recteur d’académie et de la direction régionale des finances publiques.

Jacques Fontanille a voulu créer le modèle de l’université autonome à la mode LRU : il s’est trompé ; on l’a trompé ; il a échoué. L’université de Limoges n’est plus une université et le président Fontanille devrait fort logiquement démissionner. La situation de l’université a encore empiré depuis l’année dernière (chronique du blog du 5 novembre 2010 : « RCE et GVT : Limoges dans le mur« ). D’autres universités suivront. Il faut arrêter ce massacre !

Novembre 2011. La LRU est morte. Il faudra l’enterrer au plus vite au printemps 2012. Et reconstruire. Les universités méritent d’être libres et responsables. Elles ont été trompées par les déclarations de Valérie Pécresse, de Laurent Wauqiez et du président de la République, encore récemment à Strasbourg. Cet Etat a trompé les personnels de l’enseignement supérieur, les étudiants et leurs parents : il a transféré de plus en plus de compétences aux universités sans leur transférer les moyens nécessaires, tout en maintenant toute une série de réglementations tatillonnes et absurdes. L’État jacobin ne sait pas décentraliser. Les preuves figurent dans le communiqué de l’université de Limoges. Les résultats de l’enquête de l’EUA le prouvent tout autant.

La LRU est morte. La France a perdu son AAA pour l’enseignement supérieur et la recherche. Il faut penser la reconstruction en urgence, penser une autre avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche (chronique « Hollande doit révolutionner le SUP« ). Créer 5 à 600 Instituts d’enseignement supérieur (IES) pour organiser le cycle Licence, accélérer le processus de fusion pour parvenir à une petite vingtaine d’universités de recherche, enfin visibles et lisibles dans le monde. La France ne doit pas devenir un pays de second rang dans le monde pour la recherche et la formation supérieure !

Actualisation de la chronique, 18 novembre 2011. Communiqué emberlificoté de la CPU, dans CPU Infos, Lettre n°78.

1 commentaire

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Une réponse à “Comment tuer la LRU3 ?

  1. Samuel BLIMAN

    La seule façon de « tuer LRU » serait en termes législatifs d’abroger purement et simplement les lois qui les ont instituées… le problème est qu’en France, l’abrogation est rare , le législateur se satisfaisant de constituer « un mille feuille » par addition de textes modificatifs, rendant la lecture et la compréhension plus absconce encore!

    De toute façon, je ne vois guère de pays où l’on ait tenté ce type de réforme, au pretexte de rendre le système plus « compétitif »!!