Communiquer sur Shanghaï ?

Faut-il communiquer sur le classement de Shanghaï ? Quelques exemples en 2015. Trois établissements ont choisi de ne pas communiquer. L’un fait connaitre son bon classement.

Thierry Mandon, secrétaire d’État, n’a pas, quant à lui, hésité. Il continue à jouer au guignol de l’info : Classement de Shanghai 2015, la France dans les 5 premiers pays mondiaux.

Shanghaï est critiqué à chaque ligne de ce communiqué : dans ce cas, ne vaut-il pas mieux se taire ? « Ces résultats sont d’autant plus positifs que le classement est fondé sur une méthodologie peu adaptée au modèle scientifique et universitaire français, ne prenant par exemple pas encore en compte la création des COMUE… Il n’est qu’un indicateur parmi d’autres, et même un classement parmi d’autres… Ces classements, qui constituent des éléments d’information intéressants, voient leur influence décliner et ne doivent pas occulter d’autres éléments d’appréciation de la performance des établissements… Les classements internationaux essentiellement fondés sur des indicateurs de recherche… Le classement de Shanghai privilégie les très grandes universités fondées sur le modèle anglo-saxon plutôt que les universités fonctionnant sur le modèle européen, raison pour laquelle l’amélioration de notre classement dans l’indicateur de Shanghai ne peut constituer la boussole unique de la modernisation de notre système ».

Enfin, Thierry Mandon dit d’Aix-Marseille Université qu’elle est 101ème dans le classement, ce qui est faux. Entre les rangs 101 et 150, le score des établissements sur un maximum de 100 points n’est pas publié ; ils sont considérés comme ex-aequo.

Pas de communication de l’Université Pierre et Marie Curie (UPMC), classée 36èmeau classement mondial et 1ère université française. La direction de la communication vous propose une synthèse des articles parus dans la presse chaque semaine : aucun article publié depuis le 13 juillet 2015.

Université de Strasbourg, Communiqué du 17 août 2015 : l’Université figure au 87e rang, progressant de 8 places par rapport à l’an dernier. Elle reste la seule université française hors Paris à apparaitre dans « top 100 » du classement. A noter notamment : les chimistes de l’Unistra sont en 19ème position, les biologistes entre le 51e et 75e rang et les physiciens entre le 76e et le 100e. La progression importante de l’université dans le classement est certainement due à l’attribution récente du Nobel à Martin Karplus. Lire également le commentaire du président Alain Beretz sur son site Facebook (15 août).

P1030584Le poids du critère « prix Nobel » se retrouve pour un autre établissement français. Toulouse School of Economics a fait son entrée dans le classement mondial, pour attribution du prix Nobel à Jean Tirole. Aucune communication de l’École sur ce classement. Bruno Sire s’étonne de ce classement (article de Camille Stromboni dans EducPros) : « c’est LE nouvel établissement français qui intègre le classement de Shanghai en 2015 : TSE (Toulouse School of Economics) figure désormais dans le célèbre palmarès. Mais pas l’université Toulouse 1 – Capitole, dont l’école de Jean Tirole n’est pourtant qu’une composante ! Ravi de cette reconnaissance, Bruno Sire, le président de la fac toulousaine, regrette néanmoins ce paradoxe ».

Pas de communication de l’Université de Heidelberg, 46ème au classement mondial et 1ère université allemande. Histoire de l’université (chronique du blog du 18 juillet 2015). L’université, fondée en 1386, est la première université fondée en Allemagne ; son histoire a été fort mouvementée. Ses chercheurs ont souvent été récompesnés par des Prix Nobel. L’université en est fière : leurs photos figurent sur les murs de l’escalier d’honneur du rectorat. J’ai photographié certains d’entre eux : huit Prix Nobel.

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7 Commentaires

Classé dans C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne), C. Ile-de-France, C. Occitanie (Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon), D. Allemagne

7 réponses à “Communiquer sur Shanghaï ?

  1. everd

    à noter cette contrevérité dans le communiqué de T. Mandon: « Le classement de Shanghai privilégie les très grandes universités fondées sur le modèle anglo-saxon » c’est complètement faux, puisque les premières universités sont au contraire toute petites. Ce n’est que la reprise de l’argument de Pécresse, une autojustification de la politique commune de la droite et la gauche de ce pays en faveur de la création des monstres que sont les COMUEs…

  2. jako

    Imaginez T. Mandon affirmer: « Le classement de Shanghai privilégie les petites universités fondées sur la sélection impitoyable de leurs étudiants ». On peut toujours rêver…. Non que la « sélection impitoyable » soit souhaitable ou nécessaire, mais elle s’impose à partir du moment où a) on adopte un système d’attribution des moyens fondé sur la « performance »; b) on fait des classements l’alpha et l’oméga d’une politique universitaire et plus largement d’une politique éducative. C’est bien là que se situe l’entourloupe de Pécresse et de ses successeurs

  3. Olivier

    Toute la logique des PRES et des COMUE était justement de créer des méga universités, qui à force d’empilements seraient susceptibles d’être plus visibles dans ce genre de classements !
    Alors que les universités anglo-saxonnes sont plutot défavorisées par l’effet taille (CalTech n’a que 2000 étudiants par exemple).

  4. Jean de La Giroday

    Si l’on se réfère au critère de la dimension, les universités les mieux classées sont des établissements de dimension moyenne, voire modeste (de 8000 à 20.000 étudiants).
    La politique des fusions autoritaires ou à marche forcée semble donc avoir échoué et ne présente en tout cas que des résultats décevants.
    Le cas le plus probant est probablement celui d’Aix-Marseille Université (« la plus grande université de France, voire d’Europe, avec 74.000 étudiants »). Ce mastodonte ne parvient pas à améliorer son classement.
    Phénomène significatif, si l’on considère le classement par discipline, par référence à la Médecine, AIX-Marseille se trouve à présent rétrogradée dans la tranche 151-200, alors même que cet établissement était jadis à juste titre considéré comme un pole d’excellence en Europe.
    Un paradoxe pour cet établissement dirigé d’une manière inamovible par le même médecin depuis 2004.

  5. Erwann

    Je suis heureux de lire les commentaires précédents.
    Il y a quelques années déjà, j’avais pris le temps de regarder la taille des 30 premières universités du classement de Shanghai et pu ainsi constater que la plupart d’entre elles ne dépassaient pas 20’000 étudiants.
    Peu favorable aux très grosses structures – tant au niveau industriel qu’au niveau universitaire – je n’ai jamais compris cette pachidermite aigüe promue par les politiques et encensée ad absurdum par des journalistes perroquets (ou plutôt n’ayant rien à envier au fidèle canin de Pathé-Marconi).
    En Suisse voisine, l’ETHZ et l’université de Bâle sont dans le top 100 sans être de très grandes structures.
    Je suis évidemment heureux du classement de Strasbourg, même s’il ne me convainc pas. Je n’ai jamais compris le sens profond de la « fusion » de l’UHA avec l’UDS.
    Un partenariat fort – et exigeant en termes de recrutement – entre l’UHA et l’UniBas eût été largement préférable et facteur de progression en termes de qualité et de niveau.
    Les anglophones ne disent-ils pas : « Small is beautiful » ?

    Je regrette que le sens critique de chacun s’émousse et que les mises en perspective nécessaires à toute évolution manquent singulièrement dans le débat.

  6. zadig

    bonjour à tous les commentateurs,
    La taille par le nombre d’étudiants n’est en effet pas le bon élément d’explication du palmares de Shanghai, qui n’est finalement qu’un « hit parade ».
    Il y a un autre argument que je propose à votre sagacité : c’est le ratio de la dépense totale par étudiant (toutes sources, publiques et privées, confondues, et tous objectifs, formation et recherche, inclus).
    Je me rappelle avoir vu il y a déjà plusieurs années un document démontrant une assez bonne corrélation de rang entre le classement des établissements selon ce ratio et le classement de Shanghai.
    Refaire le même travail qui n’est pas extravagant me paraîtrait utile.
    J’ajoute que je ne pense pas que corrélation = causalité. Mais cette corrélation ajoutée à quelques arguments rationnels permet d’éclairer le débat.
    Certes créer des mastodontes ingouvernables (et coûteux en termes de coûts d’organisation et de gestion, par redondance des structures, perte d’agilité et ralentissement de réaction, en attendant les éventuelles économies d’échelle) permet d’augmenter le poids budgétaire total de ces entités via l’addition des budgets des unités réunies, et donc en apparence la capacité d’action. Mais il n’y a pas de raison que cela conduise à élever le ratio budget/étudiant.

  7. Jean de La Giroday

    Réponse à Zadig.
    Dans l’immédiat, les fusions tentaculaires comportent des coûts exorbitants. A titre d’exemple, Aix-Marseille enregistrerait un déficit de 30 millions d’euros comme conséquence des gabegies imputables à la fusion.
    Dixit l’adjoint aux finances de la Mairie d’Aix-en-Provence.