Saint-Jacques de Feldbach (1044)

Église Saint-Jacques de Feldbach, citations de l’article en ligne de Canopé, Strasbourg. Deux albums du dimanche 13 novembre 2016 : extérieur de l’église (17 photos), intérieur (27 photos).

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Feldbach est un petit village du Sundgau, au pied du Jura, à quelques lieues de Ferrette, la capitale historique du Sundgau, dont le château a donné le nom à la famille comtale, maîtresse de toute la région entre le XIème et le XIVème siècle.

Histoire de l’église de 1144 à la fin du Moyen Age. C’est en 1144, une charte faisant foi, que le puissant comte Frédéric de Ferrette (1105-1160) fonde en ce lieu un prieuré de moniales bénédictines, dont l’église devait servir de sépulture à la famille comtale. Le monastère est placé sous l’obédience de la puissante abbaye bourguignonne de Cluny, qui se charge de la construction des bâtiments et y délègue un prieur avec mission de gérer la communauté des nonnes, d’administrer les sacrements, de s’occuper de la paroisse proche dont le patron était saint Laurent, et de gérer les biens du prieuré.

Au nord de la petite église se dressaient donc les bâtiments conventuels, le cloître et la maison du prieur, cette dernière hors enceinte. Rapidement, la petite communauté grandit jusqu’à atteindre une trentaine de membres. Le lieu jouit d’une certaine réputation : en effet, géré par le bénédictins de Cluny, le prieuré devient une étape du chemin des pèlerins en route vers Saint Jacques de Compostelle : venant en grande partie de Bade, du Palatinat, de la Germanie centrale, ils passaient par Strasbourg, et, par la rive droite du Rhin, arrivaient à Bâle. De là ils se rendaient en Bourgogne en passant par Hégenheim, Ferrette, Feldbach, Porrentruy, Pont de Roide…

Le prieuré passe en 1324 aux mains de la maison Habsbourg par mariage de la dernière des Ferrette, Jeanne, avec Albert II d’Autriche. En 1365, il est dévasté par les fameux « Anglais » aux Ordres d’Enguerrand VII de Coucy en lutte contre les ducs d’Autriche… En avril 1446, ce sont les Écorcheurs ou Armagnacs aux ordres du dauphin de France Louis (le futur Louis XI) qui pillent le lieu et incendient la maison du prieur, bien que pour la circonstance, le Dauphin soit l’allié du Duc d’Autriche…

Dans la première moitié du XVIè, les religieuses quittent le couvent, sans doute au cours des troubles dus à la révolte des Rustaud de 1525. Cluny y maintient cependant un prieur avec quelques religieux qui continuèrent de gérer les intérêts du prieuré et d’administrer la paroisse.

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Analyse de l’architecture. L’église, telle qu’elle se présente actuellement, correspond à l’édifice construit entre 1140 et 1150, un mur transversal en moins. De nombreuses transformations ont en effet au lieu au cours des siècles… En 1909-10 par exemple, un nouveau clocher hors œuvre est construit en style néo-roman d’après le projet de Winckler. L’église est entièrement restaurée entre 1966 et 1977, avec comme objectif la remise en état de l’édifice primitif.

Le sol est ramené à son niveau primitif, dégageant les bases des supports ; les fenêtres sont ramenées à leurs dimensions primitives ; les arcades du chœur des moniales ont été remplacées au sud et au nord par le mur plein d’origine ; l’absidiole sud est rétablie. Seul le mur transversal séparant le chœur des nonnes de la nef des laïcs et auquel était adossé l’autel saint Laurent n’a pas été restitué.

Cette restauration a permis de dégager le plan primitif de l’édifice : c’est une construction en petit appareil régulier de pierre calcaire du Jura, composée de trois nefs sans transept, avec un chœur composé d’une abside et de deux absidioles dans le prolongement de la nef centrale et des bas cotés. Ce chœur liturgique est précédé du chœur des moniales situé dans le vaisseau central et fermé sur les bas-côtés nord et sud par un mur plein de 10,5m de long, ainsi qu’un mur transversal le séparant de la nef des laïcs qui s’étend sur toute la largeur de l’édifice et comporte trois travées. L’édifice, non voûté, était couvert de charpente.

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Le décor sculpté des chapiteaux, impostes et frise (colonnes avec bases à griffes et chapiteaux avec feuilles et animaux) sont très éloignés de l’art roman alsacien et révèlent une évidente influence bourguignonne et franc-comtoise.

Pour aller plus loin

1.Le chapiteau. L’abaque est la partie supérieure du chapiteau. Il s’agit le plus souvent d’une tablette en pierre située entre l’échine, coussin aplati ou rebondi de même épaisseur placé sur le fût de la colonne, et l’architrave ou l’arc qu’elle supporte. Couronnant et renforçant le chapiteau, on le nomme plus couramment tailloir dans l’architecture médiévale.

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La corbeille est la partie d’un chapiteau comprise entre l’abaque et l’astragale.

L’astragale est une moulure arrondie ; il sépare souvent le chapiteau de la colonne.

2. Le comté de Ferrette

3. Robert Will, Les fouilles archéologiques dans l’église romane de Feldbach, in Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire de la Société pour la conservation des monuments historiques d’Alsace, tome XVI, 1972.

4. Autres sites sur l’église : celui de la commune de Feldbach, celui de la Route romane d’Alsace. Un site avec de nombreuses photos.

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Classé dans AE. Histoire médiévale, AI. Art médiéval et moderne, C. Grand-Est (Alsace Lorraine Champagne-Ardenne)

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