SPC. Une agonie qui n’en finit pas

Suite des chroniques sur la COMUE  Sorbonne Paris Cité et la fusion de 3 de ses 4 universités membres. Courriel du Collectif Force Faiblesse Opportunité Menace, Confed.info, 13 novembre 2016.

Bulletin d’information en trois points

1/ Où en sommes-nous des consultations sur la fusion ?

Après LAC, mathématiques et informatique, une quatrième UFR de Paris Diderot (études anglophones) a procédé à un référendum sur la fusion concoctée par M. Dardel. La fusion a été rejetée par 89% des votants. Ainsi dans les UFR de Paris Diderot où la consultation des personnels a déjà été organisée, la fusion n’a pas même obtenu l’adhésion de 10% des votants. Selon toute vraisemblance, la présidence, qui dispose d’une majorité de voix au Conseil d’Administration (et du soutien du secteur santé), va pourtant imposer cette fusion. Une minorité du corps électoral peut parfois conduire à une majorité de grands électeurs…

2/ Une quatrième raison d’arrêter l’Idex (lire aussi : IDEX SPC : STOP, c’est STOP !).

On se souvient des raisons de l’arrêt de l’Idex discutées dans nos billets précédents:

  • la promesse non tenue de fusionner les huit établissements de SPC
  • l’absence d’adhésion de la communauté universitaire
  • les raisons budgétaires et les problèmes pointés par la Cour des Comptes

Il en est une autre. Ni pour l’Idex portée par Toulouse ni pour celle soutenue par SPC, le CNRS ne s’est déplacé devant le jury pour l’oral d’admission. A Toulouse, cette absence, déjà très lourde, a été redoublée par celle de M. Tirole [1]. L’intervention de M. Fuchs, président du CNRS, lors du colloque « Une politique de sites pour construire l’université de demain » [2], a été très éclairante sur ce choix. Pour M. Fuchs, “la difficulté est que les Comue sont des objets mous, qui consomment des postes. […] Les ComUE sont le point faible du système. […] Créer les Comue a pris un temps incroyable et maintenant nous sommes très contents car nous avons accès à la cartographie des formations. Tout ça pour ça ! Quelles sont les autres ambitions ?”

“Pas mieux”, serait-on tenté d’ajouter.

Mais voyons la suite.

Fuchs a émis l’idée de concentrer les moyens du CNRS (essentiellement la présence de chercheurs dans les UMR) dans les seuls sites “susceptibles de devenir des universités de classe mondiale.” Citons-le : “il faut comprendre que nous avons besoin de différenciation entre les établissements, ce qui n’est pas de la discrimination. […] Université de proximité n’est pas un gros mot. […] Il faut arrêter de se raconter l’histoire comme quoi tout le monde fait tout au même niveau. » Aussi doit-on s’attendre à ce que la séparation entre “universités de proximité” (sic) et “universités de recherche” (re-sic) se fasse en désUMRisant les premières au profit des secondes.

Cela suggère une question d’importance : est-ce le caractère sous-critique de SPC en sciences fondamentales et sa forte coloration en Sciences de l’Homme (SHS et médecine) qui explique le lâchage du CNRS lors de l’évaluation de l’Idex ?

3/ “Dysfonctionnements” dans les services centraux

L’Université Paris 5 – Paris Descartes a recruté, à la mi-juillet 2013, un nouveau directeur général des services (DGS), Nicolas Mignan. Celui-ci avait été DGS à l’Université Versailles Saint-Quentin pendant la crise budgétaire [3] qui défraya la chronique : dépenses incontrôlées, embauches de CDD sans ressources, signature d’un PPP douteux, augmentation irresponsable des primes, etc. Des “dysfonctionnements” au sein des services furent par ailleurs pointés par l’IGAENR. M. Mignan devint transitoirement secrétaire général d’une “business school”, l’Inseec, propriété du groupe américain Career Education Corporation. Selon le rapport de la Cour des Comptes, Frédéric Dardel a recruté ce DGS à un niveau de rémunération “anormalement élevé” (128.484 € par an en 2013, avec logement de fonction) par rapport au salaire normal (52 400 € par an à l’UVSQ en 2012), tel qu’il aurait dû être fixé selon les bases juridiques. Indépendamment de ce salaire, M. Dardel a procédé à ce recrutement contre l’avis du ministère, dûment renseigné par l’IGAENR sur les “dysfonctionnements” passés.

Les “dysfonctionnements” se sont-ils reproduits ?

Avec des plaintes?

Toujours est-il que M. Dardel envoya un beau matin à la communauté universitaire ce message sybillin : “Cher.e.s collègues, chers membres de la communauté Paris Descartes, M. Nicolas Mignan a quitté hier ses fonctions de DGS de l’Université Paris Descartes”, ainsi qu’un autre du même tonneau au ministère.

No comment.

Nous conseillons cependant vivement aux collègues Biatss des services centraux (hommes et femmes) de contacter leurs homologues des autres universités destinées à la fusion, pour échanger sur les conditions de travail, les “dysfonctionnements” et les relations hiérarchiques.

[1] M.Tirole compte, avec M. Blanquer et Mme Daoust, parmi les rédacteurs du programme ESR de M. Juppé. On comprend mieux pourquoi ce programme se propose de réserver les fusions aux universités “qui ont davantage une vocation de formation [et qui ont donc] intérêt au regroupement de nombreux étudiants.” Par opposition, un “pôle d’excellence” se doit d’avoir “un nombre limité d’étudiants (entre 20 000 et 30 000) doublé d’un très puissant potentiel de recherche et d’un très haut niveau de qualité.” On voit par là que les dirigeants de Sorbonne Paris Cité sont d’une perspicacité qui nous laisse songeurs.

[2] Cette journée s’est tenue le 9 novembre à  l’Institut du monde arabe.

[3] Lire à ce propos le rapport de la Cour des Comptes

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