Quatre vierges allaitantes

Dijon, Musée des Beaux-Arts, Quatre vierges allaitantes

C’est la première fois qu’en cherchant en ligne des informations sur des peintures, je trouve des notices faites par une étudiante de master : bravo aux enseignants pour la valorisation des recherches de leurs étudiants. Deux notices ci-dessous d’Olympe Sauvage extraites du Catalogue des objets de dévotion domestique du musée des Beaux-Arts de Dijon, XIIIe-XVIe siècle, mémoire de master 2 sous la direction de Daniel Russo et Sophie Jugie, Université de Bourgogne, 2008)

La vierge allaitant l’enfant Jésus. « Copie d’après le Maître de Flémalle (un des membres de l’atelier de Robert Campin, peintre né à Valenciennes vers 1375, établi à Tournai en 1406 où il mourut en 1444).Peinture à l’huile sur bois.

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« Le tableau de format ­circulaire présente la Vierge en buste allaitant l’Enfant. Elle le tient de la main droite, coupée partiellement par le cadre. Elle est vêtue d’une robe au ­décolleté arrondi dont ­dépasse une chemise blanche. Un voile fait de plis complexes est posé sur ses cheveux détachés. La Vierge a le visage ovale et des traits réguliers, elle baisse les yeux sur l’Enfant. Celui-ci tourne son regard vers le lecteur de l’œuvre tout en continuant à téter le sein maternel qu’Il tient de sa main gauche. Une étoffe lui couvre l’épaule droite. La Vierge et l’Enfant sont placés devant un fond d’or moucheté de petits traits disposés en quinconce. En plus d’un dessin minutieux, le rendu des matières est soigné, notamment pour le drapé de la coiffe, les chevelures et le modelé des visages, les plis de la robe. Le cadrage rapproché renforce la proximité avec le fidèle. Cette Vierge allaitante s’inspire de La Vierge allaitant l’Enfant attribuée au Maître de Flémalle, conservée au Städel Museum de Francfort. Le thème de la Vierge allaitante est à associer à l’iconographie de la Vierge de tendresse qui se développe à la fin du Moyen Âge et évolue au XIVe siècle vers une représentation plus humaine avec des attitudes plus libres et variées du couple mère et enfant : la Vierge peut être debout, assise, à genoux ou allongée. Elle protège, caresse ou allaite l’Enfant qui se place sur le bras, la hanche ou le genou maternel. Moment d’intimité, les représentations de la Virgo Lactans célèbrent la vie transmise par la mère à l’enfant ».

Saint Luc peignant la Vierge, diptyque, Anonyme des anciens Pays-Bas, 15e siècle, peinture à l’huile sur bois.

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« La scène est répartie sur les deux panneaux, saint Luc et la Vierge allaitant l’enfant sont dans le même espace, présentés tous deux de trois quarts de face. Il s’agit d’un jardin clos délimité par un mur de briques. Derrière ce jardin se déroule un paysage dont la distance est rendue par une perspective atmosphérique, avec l’utilisation de tons froids pour ce dernier contrairement aux personnages distincts par des tonalités beaucoup plus vives.

L’individualisation de la physionomie de saint Luc a fait dire à Charles Cuttler qu’il s’agissait du portrait de Jérôme de Busleiden (humaniste ardennais ayant vécu entre 1470 et 1517) ou d’un membre de sa famille. Enfin, la présence du boeuf, discret mais dont le regard vient à notre rencontre, nous inclut comme spectateur de la scène. De plus, la présentation à mi-corps place cette présentation dans la tradition de l’icône. Dans la composition d’origine, même les personnages à la balustrade sont dans un dialogue interne à l’oeuvre, ce monde demeure autonome et refermé sur lui même.

En sus de cette identification de saint Luc, il nous semble important de souligner la place privilégiée accordée à saint Luc comme témoin et écrivain de la révélation, mais aussi comme patron des peintres, justifiant leur activité par sa propre réception de l’image de la Vierge. A ce titre, la popularité du thème éxécuté ici peut être comprise comme une exaltation des vertus picturales mises en oeuvre par l’artisan et de son rôle de médiateur dans la présentation de la doctrine chrétienne.

Une grande place décorative est accordée aux étoffes par leur brocart à motifs végétaux. Celle-ci a incité certains chercheurs à inclure ce diptyque dans les œuvres attribuées au Maître au feuillage brodé. Ce groupe semble toutefois controversé ».

La Vierge allaitant l’enfant entre saint Pierre et saint François, Alvaro di Piero Pirez, 15e siècle (1ère moitié), peinture à l’huile sur bois, fond d’or.

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« Le groupe de ce tableau forme une composition relativement fermée, pleine de délicatesse et de sentiment. Quant aux ramages du fond, ils sont d’un effet plus riche, plus subtil et mieux rythmé que d’autres oeuvres attribuées à Alvaro Pires, ce qui peut laisser penser qu’il s’agit d’une de ses dernières œuvres ».

Vierge allaitante, Maitre au brocard d’or, vers 1500.

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Pour aller plus loin. La maternité dans l’iconographie mariale. Les Vierges enceintes ou allaitantes dans l’art chrétien, par M. Christian Jouffroy, membre titulaire, 34 pages, 2007.

Vierge allaitante au Musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

Cinq vierges allaitantes, Quiz pour Noël 2016.

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