Les recrutements en chute libre

Courriel reçu le 27 février 2017. « Chers collègues, dans un mail précédent, j’écrivais à propos de la campagne de recrutement 2017 d‘enseignants-chercheurs (professeurs et maîtres de conférences) : « accusons-nous une nette diminution du nombre d’emplois ou est-ce moi qui déprime ? »

Un collègue m’a expédié en privé un tableau concernant l’ouverture des postes [par les universités] depuis 2009 (diminution de 1141 postes). Entre 2016 et 2017, on accuse un déficit de 125 postes de professeur et de 74 postes de maître de conférences.

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  • Ligne bleue : Professeurs PR  (445 postes perdus)
  • Ligne rouge : Maitres de conférences MCF (696 postes perdus)
  • Ligne verte : PR + MCF (1141 postes en moins)

Le monde universitaire gèle dans son entier (chroniques sur les gels de postes) : les jeunes docteurs ne peuvent plus intégrer, les MCF et PR ne peuvent plus muter, les habilités ne peuvent plus changer de corps.  Il n’y a désormais plus de mobilité dans l’ESR, les candidats locaux raflant le plus souvent les rares postes encore offerts au recrutement.

Étant donné l’augmentation des effectifs d’étudiants, le risque d’une mise en place de la modulation des services est donc très grand. On peut se féliciter qu’un nombre très important de sections de CNU ait refusé l’évaluation individuelle des EC. Mais c’est aussi notre problème, non ? Bien amicalement. MR ».

12 Commentaires

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12 réponses à “Les recrutements en chute libre

  1. Zeb

    Pour être complet, pourriez-vous ajouter la courbe des départs en retraite ? On pourrait ainsi mesurer le nombre réel des postes détruits, sans tenir compte des yoyos de la démographie universitaire.

  2. Un début de réponse

    Les personnels enseignants de l’enseignement supérieur du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en
    2014-2015. Note d’information de Septembre 2016

    Cliquer pour accéder à Note_DGRH_n7_Septembre_2016_654611.pdf

    • Zeb

      Merci beaucoup. Les chiffres des tableaux des effectifs semblent indiquer que le nombre de PR et de MC dans l’ESR a augmenté continuellement jusqu’en 2014 et qu’il a légèrement diminué (de 200) pour la première fois en 2015 (après on n’ a plus les données). La conclusion me semble évidente: le nombre des postes mis au concours n’est pas le bon critère pour démontrer la dégradation de la situation de l’ESR. Sans doute l’évolution du ratio enseignants titulaires/étudiants serait-elle plus pertinente.

  3. conséquence

    Et n’oublions pas que lorsque, d’une année sur l’autre, le nombre d’emplois de professeurs ouverts diminue de 125, mécaniquement, l’année suivante, le nombre d’emplois de maîtres de conférences mis au concours va pour sa part diminuer d’une bonne centaine : tous ceux qui n’auront pas eu de postes de professeurs.

  4. Thura

    Le tout dans un contexte où l’ESR accueille chaque année de plus en plus d’étudiants.

  5. Éric Lysøe

    On voit ainsi la conséquence directe de la LRU dont se vante tant madame Pécresse. Globalement, les enseignants-chercheurs vieillissent. Ils coûtent donc plus cher. Pour que la masse salariale reste inchangée, on doit mécaniquement réduire le nombre de postes offerts au concours.

  6. TonnerredeBrest

    Pour ce que j’ai vu, il y a environ 1890 postes cette année (MCF et PR) contre 2100 environ en 2016, 2325 en 2015, 2500 en 2014. Je n’avais pas surveillé avant, mais 2014 n’était pas une très bonne année déjà. Oui, vous avez raison : les jeunes docteurs restent à la porte, les MCF ne peuvent pas bouger que ce soit par une mutation ou une promotion en devenant Pr, et les Pr ne peuvent guère muter (c’est relatif, parce que souvent les postes de Pr libres sont pris pour des mutations, en tout cas dans ma section CNU, ce qui fait que les vrais pigeons de l’histoire sont encore les MCF). Première conclusion : on ne comprend guère l’obstination des syndicats à parler de droit à la mutation quand le nombre de postes est en baisse constante , quand un poste libéré par une mutation est en général supprimé. Il vaudrait nettement mieux faciliter les échanges de postes, qui empêchent la destruction d’un poste. Deuxième remarque : le jeu se fait à l’avantage de ceux qui sont parvenus à entrer dans le système, autrement dit par exemple des postes de Pr sont donnés à la mutation en 2013 à des candidats qui ont réussi à passer Pr en 2009, et dont les postes sont supprimés dans leur fac d’origine. Pendant ce temps-là, les autres qui ont habilité peu après 2009 sont priés de regarder le ballon passer en restant MCF.

  7. Marianne

    Il ne peut pas y avoir de droit a la mutation s’il n’y a pas de poste…du coup c’est effectivement du flan et la seule possibilité réaliste est de faciliter les échanges de postes
    Pas pour demain, car les grosses facs style Orsay voudront toujours contrôler leurs recrutement s

  8. Jean

    Si quelqu’un connaît l’évolution des effectifs d’enseignants du second degré affectés dans le supérieur … Ma gratitude serait immense.

  9. Jean Marie Merle

    Une impression : on se dirige à grande vitesse vers le recrutement sur contrats.
    L’ANR a été la première à habituer les enseignants-chercheurs à monter des « projets » pour décrocher de gros financements, souvent 10 à 100 fois plus élevés que leurs besoins réels. Ce qui avait pour avantage de priver de financement entre 9 et 99 autres projets de recherche. Une façon de détourner le financement des groupes de recherche, mais aussi d’habituer les EC à une concurrence déconnectée de leur domaine de recherche, et uniquement motivée par le vide de l’appel d’offre. Une conséquence s’est rapidement manifestée : l’habitude, dans les labos, de lorgner sur la dote des heureux lauréats pour leur faire les poches.
    Parallèlement, le recrutement des docteurs a commencé à se faire de façon différée, et on voit maintenant couramment les post-docs courir de contrat en contrat, de contrat à temps partiel en stage. D’abord pendant un an, puis deux ou davantage. C’est le rude apprentissage de la concurrence pour survivre : le prix à payer à Bac + 8 est de faire une croix sur ses espoirs et surtout sur l’espoir de vivre sa vie. La récompense lorsqu’on décroche un poste est à la hauteur : 1/ on a appris à survivre puisqu’on a survécu ; 2/ on est prêt à se battre en Stallone de la recherche ; 3/ surtout, on ne fait plus la fine bouche lorsqu’un contrat se présente, même s’il est éphémère. L’évolution de l’espèce est relancée.
    Après l’expérience nationale de l’ANR et l’endurcissement des nouvelles recrues potentielles, on en arrive à la systématisation locale via les IDEX. L’excellence de la docilité. Le grosse dotation de l’IDEX, toujours selon le principe du détournement, ne s’obtient pas sur concours, mais sur contrepartie : la contrepartie est toujours d’enfoncer un gros coin dans le système ; ici, on fait de la com’ là où on faisait de la recherche ; là on a décroché son IDEX parce qu’on a mis dans le package la privatisation des diplômes. Et les EC sont partagés : certains poursuivent leur travail sans tremper dans le bassin aux requins, d’autres se jettent frénétiquement dans le bouillon pour arracher le morceau. Ces derniers poussent à l’évolution. On pourrait voir sous peu quelques rares titulaires entourés d’un bassin où tournent les contractuels : vous avez décroché 500 000, signez là pour 5 ans ; 50 000, on vous prend pour 6 mois. La tendance est là, sous nos yeux. Pour chaque euro de dotation, le même droit à contrat. On imagine bien les slogans (on a du mal à les oublier : pour-chaque-euro-cotisé-le-même-droit, travailler-plus-pour-gagner-plus, freedom is slavery).

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