Coupables projections d’effectifs

Il y a 4 ans et demi (chronique du 2 octobre 2012), j’écrivais. « La lecture de la Note d’information 12.12 de la DEPP, Projection des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées de 2012 à 2021, m’a passablement énervé. Pourquoi demande-t-on à des statisticiens chevronnés de calculer des projections d’effectifs basées sur la seule poursuite dans l’avenir des tendances observées dans les années passées ? Pourquoi le politique ne leur demande-t-il pas de construire des scenarii qui prennent en compte la modification de ce qui est inacceptable dans les tendances observées ces dernières années ? Les projections d’effectifs publiés dans cette Note sont politiquement coupables parce qu’elles laissent concevoir un avenir cauchemardesque pour les bacheliers, leurs familles, les universités, le pays ».

Projections d’effectifs pour 2016 et 2021. Cliquer pour agrandir

Les projections d’effectifs dans l’enseignement supérieur, réalisées en 2012 pour 2016 (2.484.000 étudiants) se sont trompées : la progression réelle a été plus rapide et plus forte (2.558.000 étudiants en 2016, hors doubles inscriptions) comme l’indique une Note d’information qui vient de paraître Projections des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées de 2016 à 2025, Aline Pauron, DEPP, Note d’information n°5, avril 2017.

Projections d’effectifs pour 2020 et 2025. Cliquer pour agrandir

Résumé de la note d’avril 2017. « En 2016-2017, selon les prévisions effectuées à partir des résultats définitifs au baccalauréat, des choix d’orientation observés les années précédentes et des premières informations disponibles sur l’année en cours, les inscriptions augmenteraient de 2,3 % dans l’ensemble de l’enseignement supérieur, y compris doubles inscriptions des étudiants de CPGE à l’université. Le nombre d’étudiants, établi après neutralisation de ce phénomène, progresserait de 1,9 %. Ceci correspond respectivement à environ 58 000 ou 48 000 inscriptions d’étudiants supplémentaires en un an. A l’horizon 2025, le nombre de bacheliers augmenterait significativement par rapport à 2015, principalement sous l’effet du dynamisme démographique. Si les tendances en termes d’orientation, de poursuite d’études et de démographie se prolongeaient, l’enseignement supérieur pourrait rassembler 2,9 millions d’étudiants en 2025, soit environ 350.000 étudiants de plus qu’en 2015« .

Les projections d’effectifs se fondent sur la méthodologie exposée dans l’encadré ci-dessus : elles prolongent les tendances observées dans les dernières années. Elles ne peuvent prendre en compte des décisions politiques à venir, qui pourraient résulter de l’incapacité de financer dans les années à venir 350.000 places d’étudiants de plus. De la même manière, si la sélection était instaurée à l’entrée de l’université et les droits d’inscription universitaires augmentés, il n’y aurait sans doute pas une telle progression des effectifs.

Au final, tout le monde s’en fout de ces projections d’effectifs. Des conseillers des 11 candidats à la présidence de la République auraient-ils lu la note qui vient de paraître ?

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