1289, 1300, 1350 : 3 universités

13ème et 14ème siècles, aux confins du Royaume de France, les royaumes d’Aragon et de Majorque : fondation des universités de Montpellier (1289), de Lerida (1300) et de Perpignan (1350) – partie 1 de la chronique. Début de la guerre de 100 ans en 1337 sous le règne de Philippe VI de Valois – partie 2.

Partie 1. Au Royaume d’Aragon et au royaume de Majorque. Sources et citations. Pierre Izarn, La Faculté de Médecine de Perpignan au XVIIIe siècle. Louis Dulieu, A propos des statuts des chirurgiens-barbiers de Montpellier : les statuts des rois de Majorque.

1204, 15 juin. Pierre d’Aragon devient seigneur de Montpellier par son mariage avec Marie, fille unique de Guilhem VIII. 1213-1276. Leur fils Jacques 1er d’Aragon, dit le Conquérant, règne de 1213 à 1276. Cartes : deux états de la Reconquista (in Patrick Mérienne, Atlas mondial du Moyen-Age, éditions Ouest-France, 2014).

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1276. A sa mort, son royaume est réparti entre ses deux fils : à Pierre III, revient l’Aragon et la Catalogne au sud des Pyrénées et Jacques II reçoit le Roussillon, les Baléares et la seigneurie de Montpellier (dont le roi de France est suzerain).

1276-1311. Jacques II, roi de Majorque, seigneur de Montpellier.

1289. L’Université de Montpellier est créée officiellement par la bullei Quia sapientia du pape Nicolas IV. Portant le nom d’un Studium generale, elle regroupe à l’époque les enseignements en médecine, droit, lettres et théologie.

1300. L’université de Lérida est fondée par Jacques II d’Aragon, ce qui en fait l’une des plus anciennes universités d’Europe. Source, La découverte de l’Amérique, Dixième stage international d’études humanistes, Tours 1966, page 160.

Université de Lérida

1311-1344. Les successeurs de Jacques II conserveront le royaume de Majorque jusqu’en  juin 1344, date de la prise de Perpignan par Pierre IV d’Aragon.

Pendant toute la  période, de 1276 à 1344, Perpignan fut la capitale politique et économique du royaume de Majorque. Mais, d’après Alart, de 1289 à 1344, les enfants de Perpignan couraient à Montpellier pour y poursuivre leurs études et acquérir leurs grades universitaires.

1349, 18 avril. Jacques III de Majorque cède la seigneurie de Montpellier au Roi de France, Philippe VI, pour la somme de 120000 écus. Jean-Gabriel Gigot pense que cette séparation de Perpignan et de Montpellier a été à l’origine de la fondation de l’Université de Perpignan.

1350, 20 mars. Fondation de l’université de Perpignan. Par lettres patentes, Pierre IV d’Aragon, roi de 1336 à 1387, établit sur la demande des consuls de Perpignan et de l’évêque d’Elne, »un studium générale » comportant trois facultés : théologie, droit (canon et romain) et arts libéraux. Perpignan était alors un centre commercial et industriel prospère. Cette Université était destinée à former les ecclésiastiques, les juristes et les hommes d’affaires dont la deuxième ville de Catalogne avait besoin.

1379. La bulle de Clément VII du 28 novembre confirme la fondation et les privilèges de la nouvelle université de Perpignan, qui devient « studium universale ». Les facultés de droit et des arts sont maintenues, la faculté de médecine est ajoutée mais celle de théologie est supprimée.

1380. Les statuts reçus en 1380 sont calqués sur ceux de l’Université de Lérida qui avait été fondée en septembre 1300. Ils ont été publiés « in extenso » par Marcel Fournier. On y trouve la liste des livres médicaux que devaient étudier les candidats au baccalauréat (3 traités d’Hippocrate et 6 de Galien) et au magistère (le 1er canon d’Avicenne et le Colliget d’Averrohès). Ce programme est peu différent de celui proposé par Arnaud de Villeneuve en 1309 pour l’Université médicale de Montpellier qu’on trouvera dans le livre de D. Jacquart et F. Micheau sur La médecine arabe et l’occident médiéval.

1394. Selon Gigot, l’Université de Perpignan attire des étudiants venus de tous les pays de langue catalane. En 1394, on en compte 400. Au cours des XVe et XVIe siècles, son rayonnement se maintient. Des relations se nouent avec les universités de Lérida, d’Alcala de Hénarès, de Salamanque et de Bologne. La faculté de droit est celle qui reçoit le plus grand nombre d’étudiants, après elle viennent les facultés de théologie, des arts et de médecine.

1400. La médecine de Perpignan est concurrencée par l’essor du Collège Royal de Médecine de Barcelone fondé par Martin 1er en 1400, dont un des premiers régents fut Antoine Ricart (décédé en 1422), médecin catalan le plus célèbre du XVe siècle, dont les œuvres ont été analysées par J-M. Dureau-Lapeyssonie.

L’Espagne au XIII et XIVème siècles

Partie 2. Au Royaume de France, les débuts de la guerre de cent ans. Philippe VI de Valois (né en 1293), roi de France de 1328 à 1350. Source et citations : Wikipédia.

1339. L’armée de Philippe ayant lancé son offensive victorieuse en Aquitaine et Édouard III étant sous la menace d’un débarquement français en Angleterre, ce dernier décide de porter la guerre en Flandre. Il s’est assuré l’alliance des villes flamandes qui ont besoin de la laine anglaise pour faire tourner leur économie, mais aussi de l’empereur et des princes de la région qui voient d’un mauvais œil les avancées françaises en terres d’empire. Chevauchées : les deux armées sont proches mais ne s’affrontent pas.

1340. L’année n’est pas plus favorable à Édouard III sur le front écossais : la guérilla des partisans de David Bruce s’intensifie et des raids sont menés sur le Northumberland. William Douglas, lord de Liddesdale, s’empare d’Édimbourg et David Bruce rentre d’exil en juin.

1341. Édouard III, qui n’a négocié la trêve d’Esplechin que pour gagner du temps au moment où l’évolution du conflit lui est défavorable (il n’a aucune confiance dans la médiation papale qu’il juge complètement pro-française), reprend les hostilités et prend Bourg en août 1341 alors que la tension monte entre Philippe VI et Jacques II de Majorque qui refuse de lui prêter hommage pour la ville de Montpellier.

1341-1343. La guerre de succession de Bretagne. Une trêve est signée le 19 janvier 1343. De fait les Anglais occupent et administrent les places fortes encore fidèles à Jean de Montfort. Une importante garnison anglaise va occuper Brest. Vannes sera administrée par le pape. Le conflit nullement réglé va se prolonger 22 ans et permettre aux Anglais de prendre durablement pied en Bretagne.

1346. L’armée française anéantie à Crécy, Édouard III remonte vers le nord et met le siège devant Calais. Avec une armée de secours, le roi de France essaie bien de lever le blocus de la ville, mais n’ose pas affronter Édouard III. C’est dans de dramatiques circonstances, au cours desquelles les célèbres bourgeois de Calais remettent les clés de leur ville aux assiégeants, que Calais passe sous domination anglaise, laquelle va durer jusqu’au XVIe siècle. Philippe VI négocie une trêve avec Édouard III, qui, en position de force, obtient la souveraineté pleine et entière sur Calais. Article détaillé : Siège de Calais (1346).

1347. Après la chute de Calais, Philippe VI, âgé (53 ans) et discrédité, doit céder à la pression. C’est son fils Jean, le duc de Normandie qui prend les choses en main. Ses alliés (les Melun et les membres de la bourgeoisie d’affaires qui viennent d’être victimes de la purge qui a suivi Crécy et qu’il fait réhabiliter) entrent au conseil du roi, à la chambre des comptes et occupent des postes élevés dans l’administration. L’attraction politique de la France permet d’étendre le royaume vers l’est en dépit des défaites militaires. Ainsi, le comte Humbert II, ruiné par son incapacité à lever l’impôt et sans héritier après la mort de son fils unique, vend le Dauphiné à Philippe VI. Jean prend part directement aux négociations et finalise l’accord.

1349. Achat de la seigneurie de Montpellier par Philippe VI de Valois

1350. Fondation de l’université de Perpignan (cf. partie 1 de la chronique).

Le Royaume de France avant le début de la Guerre de Cent ans (1337)

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Classé dans AE. Histoire médiévale, C. Occitanie (Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon)

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