Basilique Saint-Denis. Les portails

Chroniques précédentes sur la Basilique de Saint-Denis : Reconstruire la flèche de la tour nord, Histoire : du martyre de Saint Denis vers 250 à la construction de la nouvelle nef (1281)

Cette nouvelle chronique est consacrée à la sculpture des cinq portails de la basilique : album de 68 photos.

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Les trois portails de la façade occidentale (source et citations : Wikipédia)

« La façade révèle une époque de transition : le plein cintre des porches et des arcades est caractéristique de l’architecture romane, la structure verticale en trois parties et la rosace portent singulièrement le gothique en eux. Suger a en effet opté pour la façade harmonique (Saint-Denis constitue le premier exemple de son utilisation en Île-de-France mais le démontage de la tour nord en 1847 a rompu cette harmonie) rappelant celui des abbatiales normandes mais en intégrant pour la première fois une rose au-dessus du portail central surmonté d’une baie à trois arcs. La façade, couronnée par une courtine crénelée est percée de trois portails dont les ébrasements étaient ornés de statues-colonnes [comme au portail Nord].

Le tympan du portail central montre un Jugement dernier : le premier registre figure la résurrection des morts qui émergent de leurs sarcophages.

Le second registre représente le Christ en mandorle adossé à sa croix, les bras écartés tenant deux phylactères (celui de droite invite les Bienheureux Venite benedicti Patris mei (Venez à moi, les bénis de mon Père), celui de gauche rejette les Damnés Discedite a me maledicti (éloignez-vous de moi, les maudits). Le Christ trônant est entouré des apôtres et aux extrémités, deux anges, l’un tenant une épée de feu et l’autre un olifant ainsi que deux vierges, encadrent la scène. Au registre supérieur, deux anges tiennent les instruments de la Passion, deux autres soutiennent le patibulum. Suger s’est fait représenter en prière aux pieds du Sauveur, dont il implore la clémence.

Le Jugement se poursuit sur la voussure intérieure : le buste du Christ, reposant sur un nuage, sépare à gauche des scènes du paradis (deux anges portant les âmes des bienheureux, puis un ange serrant dans ses bras deux âmes et Abraham portant en son sein trois âmes), et à droite, des scènes infernales (pécheurs tourmentés par des démons et des monstres). Les trois autres voussures représentent les vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse tenant des instruments de musique.

Quatre Vierges sages et les Vierges folles paraissent respectivement sur le piédroit de droite et de gauche.

Les deux autres portails de la façade occidentale sont du 19ème siècle. Le tympan du portail de droite est consacré à la dernière communion, des mains du Christ même, de saint Denis et de ses compagnons. Ses piédroits représentent le calendrier dont les mois sont figurés par les travaux agricoles.

Celui de gauche représente leur martyre et, sur ses montants, les signes du zodiaque« .

Les deux portails du transept (source et citations : l’église abbatiale de Saint-Denis, tome 1, historique et visite, texte d’Alain Erlande-Brandeburg, 1992).

« Pierre de Montreuil a donné la pleine mesure de son génie dans le transept… Le percement, au sommet des murs du fond de l’un et l’autre bras, d’immenses roses situées au-dessous d’une galerie vitrée permettait une large diffusion de la clarté, autrefois tamisée par des vitraux appropriés ».

Le portail Sud. « Pierre de Montreuil fit exécuter par des grands sculpteurs du milieu du 13ème siècle, un portail sculpté, consacré au Jugement dernier d’une merveilleuse finesse, malgré les effroyables mutilations qu’il a subies ».

Le portail Nord ou portail royal (source : Saint-Denis, cimetière des rois) : portail exécuté vers 1170-1180 figurant au tympan le martyre de Saint-Denis et aux piédroits les rois de l’Ancien Testament.

« Les scènes du tympan reprennent en la parachevant l’iconographie des portails latéraux de la façade occidentale. Le thème central est celui du martyre de Denis et de ses compagnons, qui leur assure la glorification éternelle et céleste, ici représentée par la couronne qu’apportent deux colombes au sommet du tympan. Le Christ apparaît auréolé du nimbe crucifère à la clef de la voussure juste au dessus ; il semble approuver par sa seule présence tout ce qui se passe plus bas.

L’histoire se lit de bas en haut. Elle commence au registre inférieur qui est divisé en quatre panneaux par des arcatures.

Dans celui de gauche, le préfet Sisinnius s’apprête à juger Denis, Rustique et Eleuthère. Il tient dans sa main gauche un glaive imposant, symbole de son autorité temporelle. Une colonne sépare le préfet des saints qu’un garde amène devant lui. Ce soldat, une brute au ventre ballonné, à la figure patibulaire, tire sur les chaînes qui tiennent les trois martyrs en bride. La tête du saint présenté de face, au milieu, fournit un merveilleux exemple de la délicatesse et de l’empathie des sculpteurs du XII°s dans le traitement de leurs sujets. Or, c’est le seul visage original qui subsiste – outre la partie gauche de la face d’un des soldats du panneau de droite, placé vers l’intérieur. Toutes les autres ont été refaites au XIX°s.

Le préfet étend le bras droit devant la colonne pour saisir la chaîne et traîner les saints devant lui. Larcia, celle qui avait pourtant dénoncé son mari ainsi que les trois saints, est ici celle de la Passion d’Hilduin : elle se prosterne devant Sisinnius, mais placée en dehors de l’espace du préfet, dans le panneau qu’occupent les saints, peut-être pour signifier sa conversion finale au christianisme.

Derrière les saints, au centre du registre inférieur, se tient l’exécuteur du préfet, de face, s’apprêtant à flageller Denis qui est attaché à la colonne séparant la scène de l’autre panneau. La posture de Denis, torse nu, attendant son supplice, est la même que celle du Christ, et son regard est détourné de son tortionnaire : il se tourne par-delà la colonne sur le spectacle de la récompense miraculeuse qui attend les trois saints, la communion donnée par le Christ avant le martyre…

Dans sa prison, l’un des deux compagnons de Denis élève une patène dans sa main voilée, et l’autre un objet qui doit être une aiguière. Deux anges survolent la scène. L’un tient un encensoir, l’autre une patène comme celle du compagnon de Denis. Un calice est placé entre le Christ et Denis, au faîte du mur de la prison transformée en autel…

La partie supérieure du tympan représente en effet la scène dramatique de la décollation. Elle a été considérablement restaurée au XIX°s, mais des analyses archéologiques et des comparaisons des éléments originels subsistants avec les dessins de Charles Percier effectués en 1794-95, ont permis de restituer la composition initiale.

Denis, décapité, est agenouillé au centre du tympan. Le bourreau qui vient de lui trancher la tête est penché derrière lui, la hache encore levée. Derrière le bourreau se tient un autre garde armé d’un gourdin – en fait à l’origine il devait s’agir d’un fouet. Le garde au crâne chauve regarde, furieux et méprisant, le saint prendre sa tête coupée. En dessous, un feuillage pousse miraculeusement, nourri par le sang des martyrs, ce qui rappelle le verset de l’office des saints martyrs glorifiant Denis d’avoir consacré la Gaule par son sang.

Sur la gauche, l’un des compagnons de Denis attend à genoux d’être exécuté par un autre bourreau qui apparaît derrière lui en levant sa hache ; le saint, horrifié en voyant la tête tranchée de son évêque, lève les mains en l’air. Le second compagnon, agenouillé, tourne le dos à Denis, les mains jointes, la tête penchée en avant. Un troisième bourreau saisit de la main gauche les cheveux du saint.

Au sommet du tympan, deux colombes apportent la couronne du martyre qu’ils ont gagné, par leurs souffrances ».

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