La chaire de Geiler de Kaysersberg

Jean Geiler de Kaysersberg (1445 -1510), prédicateur de la cathédrale de Strasbourg de 1478 à 1510, prêchant du haut de la chaire sculptée par Hans Hammer en 1485.

Cathédrale : à la recherche d’une sculpture représentant Saint Jérôme et le lion.

  • Grand merci à Jean-David Touchais, attaché de conservation au Musée de l’Œuvre Notre-Dame. Je vous recontacte au sujet de la demande de renseignement que vous nous avez transmise concernant une statue de saint Jérôme visible à la cathédrale… Elle est située sur la chaire. Elle ne date pas de la construction de celle-ci à la fin du XVe siècle par Hans Hammer ; c’est bien une sculpture baroque correspondant à un remaniement du XVIIIe siècle.

18 photos des sculptures de la chaire Hammer

  • Nous ne conservons pas de représentation de saint Jérôme au musée, mais nous conservons, en réserve, d’autres statues XVIIIe en albâtre provenant de la chaire… et surtout des statues en albâtre authentiquement XVe, qui pourraient être les sculptures originales de la chaire déposées sans doute au XVIIIe siècle. Celles-ci sont exposées au 2e étage du musée, salle 25. Ci-dessous : deux petites sculptures attribuées à Nicolas de Haguenau, Sainte Barbe, un évêque.

La chaire de la cathédrale de Strasbourg, présentation par Julien Louis, docteur en Histoire de l’Art, Université de Strasbourg, notice du blog des Amis de la Cathédrale de Strasbourg, 13 mars 2017.

« Dentelle de pierre » » : sans doute l’expression qui vient le plus souvent à l’esprit de celui qui regarde la chaire de la cathédrale. « Dentelle de pierre », la balustrade ajourée, la corbeille apparemment si fragile, les longues et minces colonnettes qui semblent ne rien pouvoir porter, le pied central qui dissimule son épaisseur dans l’ombre. Une signature, un H majuscule déformé, est gravée sur la rampe et sur la clef sous la corbeille ; une date l’accompagne, 1485. Les chroniqueurs sont plus précis : la chaire a été réalisée pour Jean Geiler de Kaysersberg qui, venu de Bâle, prêche à la cathédrale depuis 1478. Ses sermons sont particulièrement écoutés, et sa réputation a dépassé les limites de l’Alsace. L’homme influent qui l’a fait venir à Strasbourg, Pierre Schott, dirige l’Œuvre Notre-Dame ; Hans Hammer vient tout juste d’y être nommé maître d’œuvre. Tout naturellement lui revient la réalisation de ce somptueux monument.

Le monument a souffert au cours de son histoire : plusieurs statuettes ont disparu et ont été remplacées au XVIIIe siècle ; à cette même époque, le grand doyen a exigé la destruction de la frise qui courait à la base de la rampe, peuplée de personnages jugés indécents. Des incohérences iconographiques suggèrent que parmi les figures anciennes, certaines n’avaient pas place initialement sur la chaire, alors que deux autres aujourd’hui au Musée de l’Œuvre Notre-Dame en proviennent. Mais les archives – et notamment le dessin préparatoire, exceptionnellement conservé – et les descriptions anciennes permettent d’en reconstituer le programme. Sur la corbeille, le Christ est représenté sur la croix, entre Marie et Jean ; puis, de chaque côté, se déroule un cortège d’apôtres. Tout autour, dissimulés dans de petits éléments architecturaux, des anges portent les instruments de la Passion. Sur le pied, la Vierge est de nouveau représentée, mais mère : elle porte l’Enfant dans ses bras et est entourée de saints ; sur le socle sont sculptées les quatre figures du tétramorphe, évocation des évangélistes. Tous ont contribué à répandre l’enseignement du Christ, la nouvelle de sa mort et de sa résurrection, symbolisée par l’Agneau Pascal qui les accompagne.

Enfin, les piliers externes présentent trois niveaux de figurines. En bas sont représentées les grandes figures de l’Ancien Testament, socle et support au Nouveau. Les quatre Pères de l’Église accompagnés de Laurent, saint particulièrement vénéré dans la cathédrale, les surmontent et, au sommet, sont réunis les quatre évangélistes. Sous l’escalier enfin, quelques personnages évoquent la légende de saint Alexis, mort devant la demeure de ses parents qui n’avaient pas reconnu dans cet homme misérable et épuisé leur fils revenu de pèlerinage.

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Dans la salle n°25 du Musée, figurent deux groupes de statuettes de la même période, fin XVème. 12 photos

Groupe de la Vierge et de Saint-Jean au pied de la croix

Groupe du centurion avec Nicodème et Joseph d’Arimathie au pied de la croix

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