Agacements de Mandon à Orléans

Radio Campus Orléans à l’occasion du Colloque de la CPU : interview de Thierry Mandon (5’59).

Campus en mouvement ? Cela démontre la puissance des transformations en œuvre. La pression de la société est très forte et c’est tant mieux. Universités et Écoles sont contraintes aux changements : quand on le reconnaît, les problèmes commencent. Mettre en mouvement, c’est difficile. Dans la phrase qui suit, le secrétaire d’État mentionne les Écoles et oublie les Universités, bel acte manqué.

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Les annulations de crédits ? Les conséquences du décret d’avance sont neutralisées, complètement neutralisées. Je peux vous l’expliquer, mais ce serait  très long. C’est d’une complexité qui dissuaderait vos lecteurs de vous lire. Quel mépris !

Les chercheurs qui se plaignent de passer beaucoup de temps pour répondre aux appels à projets ? Ceux-ci constituent moins de 20% des crédits qui parviennent aux équipes ; c’est le taux le plus faible du monde. Il faut d’ailleurs doter davantage l’ANR pour faire progresser le taux de succès des répondants (9% actuellement ; 14% sont visés cette année et 20% l’année prochaine). Il faut simplifier les modalités de réponse et d’évaluation ; c’est inscrit dans les 50 mesures de simplification que nous préconisons.

Ce n’est qu’à la fin de votre discours que vous avez parlé des étudiants dans les campus en mouvement. Non ! Les universités, ce n’est pas fait pour les professeurs ; ce n’est pas fait pour les administratifs ; c’est fait pour les étudiants…  L’université est un moyen de transport pour les étudiants, un transport intellectuel vers la connaissance. Quand on met les campus en mouvement, c’est ce transport qu’on enrichit.

Les amphis bondés en 1ère année, n’est-ce pas un fort mauvais moyen de transport ? Nous insistons sur le travail d’orientation pour améliorer les taux de réussite.

Il faut aussi mettre les locaux en mouvement. C’est pourquoi  nous souhaitons la dévolution du patrimoine immobilier aux universités. Ainsi, les présidents pourront adapter  l’immobilier aux flux d’étudiants.

Commentaire. Un secrétaire d’État agacé, impatient d’en finir avec l’interview, méprisant pour les jeunes journalistes qui posent les questions, maladroit quand il dit que les universités ne sont pas faites pour les professeurs et pour les administratifs, fatigué de devoir rappeler quelques-unes des priorités du ministère (orientation, simplification, dévolution), et qui s’emmêle les pinceaux en passant du Campus en mouvement au Transport intellectuel.

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2 Commentaires

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2 réponses à “Agacements de Mandon à Orléans

  1. Joel Pothier

    A contrario de la pensée de Mr Mandon qui se situe quelque part entre le « café du commerce » et le jeu de bonneteau, voilà ce que disait S. Leys, en 2005, par l’intermédiaire d’une jolie anecdote:
    « Il y a quelques années, en Angleterre, un brillant et fringant jeune ministre de l’Éducation était venu visiter une grande et ancienne université ; il prononça un discours adressé à l’ensemble du corps professoral, pour leur exposer de nouvelles mesures gouvernementales en matière d’éducation, et commença par ces mots : « Messieurs, comme vous êtes tous ici des employés de l’université… », mais un universitaire l’interrompit aussitôt : « Excusez-moi, Monsieur le Ministre, nous ne sommes pas les employés de l’université, nous sommes l’université. »

    Rien à ajouter.

    • Brun Patrice

      Oh que si, il y a une chose à ajouter! Cette réplique bien connue est avant toute chose la preuve de la morgue d’une caste de professeurs d' »Oxbridge », comme on dit, qui pense, en effet, que le corps professoral représente à lui seul l’université. L’Université, ce sont les enseignants, certes, mais aussi les personnels administratifs et les étudiants.
      Quant à penser que les étudiants sont la raison d’être de l’université, comment en douter? Si l’université devait être faite avant tout pour les professeurs (soyons francs : certains apprécieraient la chose…), le nombrilisme qui les guette, qui nous guette, en sortirait diablement renforcé!